Extrait du journal

Vers le milieu du second Empire, un jeune Cocodès, fils d'un commerçant de la rue du Sentier, amusa le tout-Paris de la fête par la naïve obstination avec laquelle il faisait la chasse aux belles connaissances. Au début, il était revenu souvent bredouille de ses affûts mondains et demi-mondains, et rabattant à peine quelques vagues présentations suivies de poignées de main glissantes dans un couloir ou dans un escalier de cabaret à la mode, lorsqu'un beau jour un camarade apitoyé parvint à décrocher pour lui un dîner où figurait le duc de Grammont-Caderousse. A cette fête mémorable, une fenêtre ayant été laissée à tort ouverte, tous les convives attra1>èrent un chaud et froid et le jeune homme eut a joie, le lendemain, de justifier ses fréquents éternuements par cette explication donnée négligemment « Je me suis enrhumé avec Caderousse. » Son allégresse dura peu. Le rhume avec Caderousse s'ébruita, devint potin et finit par tuer d'un coup de ridicule les ambitions du traqueur de ducs....