Extrait du journal
ERBIUIÊE! Petite comtesse,, Quel diable vous tient, de me relancer sur ces trois malheureux mots t Je ne pensais guère à elle, vous le savez bien. Elle passa près de nous, sa jolie tête pen chée, sans nous voir, saûs nous regarder, descendant àla mer, par ce chemin connu, où nous croyions toujours être seuls et où nous l'avons été tout juste... avez vous compté les soirs? Moi, oui, trois soirs, pas un de plus. Le crépuscule venu l'enveloppait d'un léger mystère ; j'avoue qu'à cette heure, qui rend infinie la douceur de vivre, la douceur d'aimer, nulle autre qu'elle ne pou vait mieux laisser tomber sur mon cœur, battant près du vôtre, cette goutte divine qui fait déborder. Elle était la vision, fuyante et déjà disparue,du rapide amour; elle avait apporté et elle emportait, dans la nuit proche,une lueur, une étoile, je ne sais comment la nommer, cette auréole, dont elle se découronnait au passage, pour vous en couronner. J'étais très à la poésie, ce soir-là, un peu gris de mer et de ciel, de silence et de désir, à la fin de cette journée inquiète, impatiente, perdue elle venait là, je vous jure, comme un ange de délivrance. Elle disait: « C'est bien,c'est bien,aimez! aimez !... » Puis, déjà loin, il m'arrivait d'elle l'écho, le murmure d'une bénédic tion, d'une consécration. Alors je vous dis, depuis un moment silencieux, dans l'o reille, et le regard encore attaché à la vi sion qui n'était plus, au bas de la falaise, qu'un point blanc, une tache sans forme, marchant dans l'ombre immobile : « Quel joli rêve ! » Pour ces trois mots, je fus puni, ah ! durement. Aujourd'hui, vous revoilà près d'elle. Ce n'est pas assez, alors, de m'a voir fait payer si cher le hasard de sa rencontre. Vous me remettez sur la sel lette, vous qui n'avez rien voulu écouter, rien entendre, rien demander. C'est main tenant que vous daignez interroger, 'et c'est maintenant que je dois répondre. Soit. Qui elle est ? Vous le savez. Elle est de votre monde. Gomment elle est ? Vous le savez. Belle, jeune, charmante. Mais vous me dites : « Qu'en pensez-vous !» Ah ! ceci, comtesse, c'est autre chose, c'est vo tre point capital, n'est ce pas ? Quand vous aurez appris ce que j'en sais, vous connaî trez, je suppose, ce que j'en pense et vous penserez commemoi: Quel joli rêve ! Et, dans le chemin connu, où nous pour rions être seuls, car elle n'y viendra plus, nous pourrions retourner, et vous pour riez pardonner, et convenir que, ce soir là, j'étais seulement trop à la poésie, trop gris de mer et de ciel, et, vous verriez, uniquement pris de vous. Enfin !......
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
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