Extrait du journal

Brusque changement de décor en atteignant la montagne nulle trace de guerre la paix, le calme de la nature, le paysage de jadis, l'étroite et ombreuse vallée où s'entrecroisent à grand'peine canal, route et voie ferrée c'est lé col de Saverne, porte ouverte sur la plaine d'Alsace et bientôt, la tête à la' portière, on cherche, là-bas vers l'est, le profil de l'admirable cathédrale. Personne dans la gare des sentinelles à toutes les issues un étroit couloir où il f.aut exhiber son laissez-passer, et l'pn entre. La. ville est restée telle qu'autrefois, sauf une assez largue percée dans un quartier du centre, laquelle d'ailleurs ne modifie en rien l'aspect général. Comme autrefois, l'Ill pénètre dans Strasbourg sous les arceaux surbaissées de la fortification de Vauban. Rien de plus vivant, de plus gai que cet enchevêtrement de canaux, d'écluses, de moulins, de bâtisses sur pilotis, de maisons moyenâgeuses d'où l'on croit voir surgir le docteur Faust rien de plus caractéristique que ces vénérables tours du onzième ou du douzième aux pieds desquelles la cascadante rivière se divise en six ou sept bras pour enserrer les divers quartiers de la veille rien de plus varié, de plus inattendu que les ïrencontres de ces divers bras qui finissent en un seul et même « fleuve » s'enfuyant vers le nord....