Extrait du journal

Feu le marquis de Portia d'Urban, qui fut, en son temps, un des hommes les plus curieux de toute notion intéressant l'humanité, s'aperçut un jour, en feuilletant les titres d'une maison qu'il possédait rue de la Chaussée-d'Antin, qu'il avait là une suite de documents essentiels pour l'histoire de la société. Il les fit donc imprimer tout vifs à quelques exemplaires, afin d'apporter une joie à ceux qui partageaient sa manie. Auguste Vitu, qui ne fut pas seulement un admirable journaliste, un critique éminent, un défenseur courageux de sa foi politique, mais qui était en même temps l'érudit le mieux averti de l'histoire parisienne, s'est plu, pour' rechercher la maison mortuaire de Modère, à écrire, sur la rue Richelieu le livre le plus étonnant, fixant, maison par maison, d'après les titres authentiques tirés des archives notariales, les propriétaires successifs, les locataires et même les passants. Ainsi faisait-il la preuve si elle avait besoin d'être faite que l'histoire sociale et -l'histoire locale si voisines de l'histoire générale et de l'histoire politique qu'elles s'y confondent ne sauraient être honnêtement écrites sans le constant appoint que fournissent, pour les immeubles, les contrats de vente, les contrats de mariage et les testaments, pour les personnes, la suite des transactions, obligations, procurations que l'état des mœurs rendait à tout instant nécessaires. Le notaire était alors le collaborateur de tous les actes des particuliers son minutier inscrivait, jour par jour, leur histoire, et, de cette histoire, combien de pages manquent à l'histoire de France...