Extrait du journal

Les deux jeunes gens étaient arrivés à la porte du café Anglais. Ils sonnèrent à l'en tresol et furent s'asseoir à une table du sa lon commun, où ils se trouvèrent presque seuls. n La lumière d'un bec de gaz tombait d a plomb sur la figure de Georges et M. de Montcernay put voir à son aiseles change ments que six années de l'existence pari sienne avaient apportés en lui» C'était un honnête visage, franc, intelli gent, mais sur lequel les luttes de chaque jour étaient inscrites à grands trait : luttes de tous genres et contre tout le monde ; luttes de l'esprit contre la matière et luttes du cœur et de la volonté contre les lâche tés et les infamies qui s'embusquent à tous les coins de notre vie et nous assaillent lorsqu'elles nous croient sans défense. Sans êlre ce qu'on appelle beau garçon, Georges, au point de vue physique, attirait l'attention. Le bas de son visage était d'une finesse exquise ; il avait le menton légèrement pointu, couvert d'une barbe peu épaisse ; les dents merveilleusement belles, le nez audacieux et mobile, la bou chère moyenne grandeur, sujette à cer*. tains mouvements nerveux tels que les femmes seules en ont habituellement. Les yeux et le front, au contraire, étaient d'un homme, d'un homme d'étude, d'un penseur surtout; les d'un bleu trans parent et proéminent,...