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Le Gaulois, 24 mars 1920

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Le Gaulois
24 mars 1920


Extrait du journal

Des tables rondes, des chaises blanches. Une foule promeneuse, tout autour du petit théâtre dressé là, où joua Sarah Bernhardt, un matin expulsée, son flot de dentelle au cou, pour avoir pensé seulement que les sbires d'Yldi,s pourraient bien ne pas empêcher quelque mignon browning. Une autre foule, installée, étalée, orgueilleusement chez elle. Le triomphe de la Colonie, mais aux acoents de Strauss et de Wagner. On goûte d'une sardine fumée ou d'un concombre au gros sel que des mains épaisses pèlent amoureusement. Beaucoup de blondes, mères et filles, au re?ard d'un bleu fluide, d'une rondeur prospère, avec dans l'allure l'importance de femmes qui, elles, connaissent les libertés de la civilisation. Avec la plus divertissante ostentation de poliitesse et de supériorité, en masticant, cela parle haut, et trône. Et, épouses, progénitures, alliées, de financiers, commerçants, professeurs ancrés dans la ville, fonctionnaires et conseillers turquifiés, qui viennent rejoindre.après le bureau, cela est l'Allemagne. Allemand aussi, ce gros major-instructeur, à croissant et à fez, qui en croquant son S de pâtisserie, daigne recevoir les saLuts les plus superstitieux et serviles de vieux soldats ou d'esffendis vendus. Non, il n'y a pas à nier cette évidence. 'Déjà, malgré tout effort ou toute illusion, c'est bien la Kulture -en travail d'envahissement et d'absorption, en audacieux et plein succès d'emprise. Et quand, là-bas, au lointain de Fondoukli, i son portail, l'ambassade d'Allemagne accroupit ces aigles qui semblent fondre sur le Bosphore, c'est bien l'image qui convient. Mais c'est précisément parce que, il y a des années déjà, on pouvait ainsi surprendre la ville radieuse et féerique aux mains étouffantes du Boche, que nos vaisseaux à nous aujourd'hui mouillent impérieusement aux détroits, et qu'aux têtes du Grand-Pont brillent nos 'baïonnettes....

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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