Extrait du journal
toute jeune fille, au bal, et de quelle grâce pudique elle était revêtue !... Il l'a vait aimée dès ce premier soir.Et quand il avait demandé sa main, était-il,lui,assez profondément ému, et tout honteux des souvenirs qu'il gardait de son passé de jeune homme!... Et il l'avait épousée...De quelle émotion sacrée son cœur était noyé tandis qu'ils marchaient à l'autel ! Une foule se pressait dans l'église. Il n'a vait vu que cette créature si blanche parmi ces voiles blancs, de laquelle émanait une suavité si pénétrante qu'il avait de la peine à croire à son bonheur ! Mensonge, tout était mensonge, et cette pureté de son noble visage, et cette pu deur qu'elle avait toujours gardée, même dans l'abandon de sa personne !... Le comte revoit l'intimité de la chambre conjugale, et sur l'oreiller cette tête d'une ingénuité de vierge, parmi les anneaux épars de ses cheveux. Qu'un autre ait manié, lui aussi, ces souples cheveux, qu'un autre ait couvert de caresses ce vi sage idéal, qu'un autre ait mis sa bouche sur cette bouche, c'est une vision hor rible, moins horrible pourtant que cette impression delà hideuse, de l'abominable tromperie. De quelle boue est-il donc pétri, le cœur de la femme, qu'une créa ture puisse apporter à son mari un front de madone, quand elle a encore, dans toute sa chair, le frisson des baisers d'un rendez-vous clandestin ? Que seulement elle n'eût pas eu ce visage-là, et il n'au rait pas souffert ce qu'il souffrait. Mais, un tel mensonge avec ces beaux yeux ces yeux célestesqu'ilne pouvait, même à l'heure présente, s'empêcher de chérir ! Les jours ont passé depuis le moment où le comte asu la fatale vérité...ll était sorti le matin, à cheval, avec sa femme. Il avait assisté, fou de désespoir, au tra gique accident. C'était lui qui, de ses mains, avait le premier essayé de porter secours à la mourante...Et, le soir même de l'enterrement de cette femme idolâtrée, quand il était allé, en proie à toutes les agonies de l'amour, se repaître de sou venirs dans sa chambre, à elle, là, pres que aussitôt, il s'était heurté à l'indiscu table, à l'affreuse preuve. Il avait ouvert un des tiroirs du meuble où elle. renfer mait les petits objets auxquels elle te nait le plus. Et il avait trouvé un pa quet de lettres qui lui avaient tout ap pris... Elle avait un amant!... Et par qui s'était-elle laissé séduire? Par l'homme pour qui elle aurait dû être sacrée entre toutes, par ce marquis d'Aydie, qui avait été son compagnon de jeunesse, à lui... Tout, il avait tout appris d'un coup, et leurs premières luttes, et comment d'Aydieavait essayé de la fuir,et comment était revenu, et les circonstances de la criminelle faiblesse d'Alice et les re mords, et le pire, le hideux secret de la naissance de Simone. Oui, cette enfant que le comte avait préférée aux autres; cette petite fille qui avait pris cette place,...
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
En savoir plus Données de classification - paul féval
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