Extrait du journal
«Ce n'est que la moitié demon.martyre, ce que je viens de vous raconter M, continua-t-il. « Voir Mathilde s'en aller ainsi, c'est affreux. Et pourtant, je pouvais m'absorber dams cette présence que je vaisperdre~ qui m'est comptée par semaines, par jours mais le métier? 11 faut le continuer pendant ce temps-la, trouver des sujets d'articles, les écrire, corriger des épreuves. Il lefaut pour l'argent. Ça coûte cher, une maladie. Il le faut plus encore pour l'abuser, pour qu'elle ne sache pas qu'elle meurt. J'avais souvent entendu dire que les poitrinaires ne se voient pas. Elle, la pauvre, elle est lucide. Elle était si courageuse. Ellel'est toujours. Et pourtant je trouvais le moyen de la tromper un peu. Voicicomment. Elle sait combien jelui suis attaché, et aussi comme j'ai le travail difHcile,. quand mon esprit n'est pas libre. Elle me voit composer, ma <' copie paraître, tout ce train de mes chroniques ne-pass'interrompre. Elle en -conclut qu'elle n'est pas si malade encore, puisque je peux noircir du papier, inventer des idées, m'occuper enfin de quelque chose qui 'n'est pas elle. Je l'ai pu, en eSet, jusqu'à ces derniers jours.J'aperçois avec terreur le moment où je né le pourrai plus. Tenez, nous sommes le 23. J'ai promis au journal un conte de Noël pour demain soir.. C'est un petite?!: en dehors de mon traité, de quoi lui apporterune plus jolie surprise a. la nouvelle année. Je n'ai pas été capable d'en écrire une ligne, et trouver seulement de quoi parler. C'est jun blanc dans mon cerveau. Ces deux dernières nuits ont été si terribles. Elle a été si mal. Je la veillais. Ses pauvres joues étaient toutes creusées, ses mains; fiévreuses et cette toux. J'avais ma table pas très loin de son lit. Je lui avais annoncé ce conte, et que je le ferais là auprès'd'elle. Pour qu'elle crût 'que je travaillais, je traçais des mots dépourvus de sens sur la page blanche. Elle m'a demandé tout à l'heure si j'avais nni. Je lui ai répondu que oui, et que j'allais au journal porter le texte et corriger l'épreuve. J'ai vu qu'elle avait une petite joie à constater qu'elle ne'm'ayàit pas empêché défaire ma besogne, Pauvre chère, c'est un de ses soucis .constants-qu'elle me perd, que les inquiétudes qu'elle me donne vont être la cause qu'une fois de plus ma carrière sera brisée, que je ne pourrai pas remplir mon traité et garder ma situation actuelle! Mais je l'écrirai, ce conte, je trouverai le sujet.Je le trouverai et je l'écrirai....
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
En savoir plus Données de classification - dorsenne
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