Extrait du journal

Lorsqu'il reprendra tout à l'heure le train qui doit le ramener à Paris, M. Millerand pourra dire, non sans quelque'fierté, qu'il à, durant son séjour à San-Remo, bien travaillé pour la France. Je ne crois pas, en effet, au cours"des âpres batailles livrées l'an dernier derrière les partes closes du cabinet où se réunissait le Conseil des Quatre, que notre pays se soit à aucun moment trouvé en présence d'une situation plus angoissante que celle qu'il vient d'affronter. Sans doute, la tache qui sollicitait son effort était-elle considérable au lendemain de la guerre, mais l'atmosphère dans laquelle les négociations s'étaient enganées, toute imprégnée encore d'une fraternité d'armes de quatre années, de la victoire toute récente, déterminaient des réactions salutaires et opportunes contre les faiblesses, les entraînements et l'égoïsme auxquels n'échappent ni les peuples ni les individus. Aujourd'hui, par contre, où les temps héroïques sont passés, les sentiments se sont forcément modifiés et il est singulièrement. plus difficile de maintenir entre les nations une solidarité provoquée par la certitude d'un péril immédiat....