Extrait du journal

Les Allemands, nul ne l'ignore, ne sont point de profonds psychologues. S'ils possédaient autrefois ce sens de l'analyse, comme l'affirmait Mme de Staël, il y a beau temps que la métaphysique bismarckienne la leur a fait perdre et qu'ils se contentent de juger les autres à la dimension de leurs propres sentiments, lesquels ne sont généralement, à l'heure actuelle, ni très nobles, ni très beaux. Toutefois, il leur reste un certain désir de la recherche, qui les conduit à" vouloir rattacher les effets à leurs causes, étant admis que celles-ci demeurent pour eux superficielles ou tout au moins sans relations directes avec les ressorts du cœur iinmain. Et cela étant, ils arrivent à expliquer bien des choses par des raisons toutes matérielles, jetées comme un appât à la curiosité des esprits grossiers. 'Ces réflexions m'étaient inspirées. il y a quelques jours, par la lecture d'un article de la Gàzette de Vo-ss. ayant trait à la première bataille de la Marne. On sait que l'issue de celle-ci fut, Wur l'armée et le peuple germaniques, une cuisainte déconvenue. On avait tant dit et répété là-bas que la marche sur Paris ne serait qu'une promenade militaire ,permettant de se retourner, au bout de trois semaines, contre la Russie encore empêtrée dans sa mobilisation on avait tant exalté la chute des forteresses belges, celle de Maubeuge et le succès de Charleroi, que l'arrêt forcé de l'offensive et le recul sur l'Aisne plongèrent les 'âmes tudesques dans une sorte d'ahurissement.-...