Extrait du journal

Le train vous a laissé à Giardini, au bord d'un mer de saphir clair, où l'île des Sirènes pose- avec brusquerie sa forme troublante. Une corniche, du côté de Messine, court au flanc des rochers friables où, s'accrochent des .aloès et, vérâ le midi limpide, on voit, au delà de cette colline de verdure sombre qui s'élève en ondoyant, presque perdue dans; les hauteurs de: l'azur, une cime blanche et sereine, dont les, profils majestueusement étalés s'abaissent à peine vers, la terre, une cime blanche- d'une blancheur qui prend vers le soir des ^douceurs infinies,, et d'où s'échappé, avec la légèreté d'une haleine, un peu de. fumée qui se balance en flocons. On monte parmi la clarté des pierres et, sur la route qui tourne et se retourne, réapparaît toujours la blancheur de la cimé, cependant que des chèvres grimpent survies murs disjoints où se joué la centaurée bleue. De toutes parts, la mer se déploie tranquille en son saphir au pied des rochers dramatiques et voici la porte de Taormina, qui s'oùvre sur un « corso » qui s'allonge entre des maisons incrustées à la mauresque de, noir et de ou là gothiques et crénelées. Il y .a^des devantures de dentelles/; L'on boit du vin de Syracuse sur un balcon de la Naumachie et, près du cloître de San Domenicô; passe une théorie de femmes, les mains au-devant des hanches, avec une grande amphore d'eau sur la tête. Et voici, contre la ville, dans un de ces spectacles de la nature dont les Grecs faisaient à leurs scènes un décor prodigieux, ce fameux théâtre, qui fut déparé par les Romains et qu'on dirait mïs, au point par Hubert Robert. Derrière les marches, les colonnes et les attca, -la cime blanche se dresse en toile dé fond avec son panaché de fumée; et -c'est,' jmmejaiat en ïon impalpable...