Extrait du journal

On continue à discourir sur la portée des élections. Au fond, tout le monde est~ surpris, et les radicaux eux-mêmes ne sont pas les moins étonnés parmi les stupéfaits. Le suSrage universel, interrogé, a répondu d'une façon inattendue pour le plus grand nombre, excepté pour ceux qui, étudiant patiemment depuis longtemps les moindres manifestations de ce souverain de fraîche date, sont convaincus que le cadre politique dans lequel il doit se mouvoir n'est pas encore inventé. On s'est cru très-malin, à la première heure, en combinant les institutions de telle sorte que les électeurs né pussent faire entendre leur voix qu'une fois tous les six ans. Six ans !–Voilà, s'était-on dit, bien des jours de tranquillité sur la p)anche La petite agitation qui marque ordinairement les scrutins, a le temps de se calmer en six fois cinquante-quatre semaines. Et puis, on peut voir venir, comme on dit, ets'arrangër~de fa~pn.à parer ou à amortir les chocs un peu violents. Six ans f six siècles Qui peut se natter de vi vresixans? Après nous I& fin du monde. Le résultat de ce calcul qui paraissait habile, il y a dix-huit a,us, commence à se faire connaître. Il nous place, en ~vingtquatre heures, dans une situation a'guë, imprévue, contre laquelle aucune mesure n'a pu être prise. Le parti aveugle de la conservation borne dormait tranquille.. On le'réveille le 24 mai, et il se trouve que c'est la Révolution qui frappe à sa porte. Un gouvernement révolutionnaire serait à la place du gouvernement impérial que les mêmes causes appelleraient les mêmes enets. Seulement ce serait la réaction qui surgirait un beau matin devant lui, tout comme la révolution se dresse aujourd'hui devant le parti conservateur....