Extrait du journal

et Professeurs rJamais les balayeurs n'ont intéressé comme aujourd'hui l'opinion publique. L'étranger qui débarque et qui veut s'initier à la vie parisienne entend leur nôjn sur toutes les bouches il a vaguement peur d'une mystification. Non point c'est bien des balayeurs qu'il s'agit, les vrais, les seuls. A peine le ,traité de paix, à peine Landru (inventé par le gouvernement, comme chacun nos âmes inquiètes) fournissent-ils aux conversations un thème plus fréquent.. C'est à qui enviera leur. sort: ô fortunatos nimium. c'est à qui déclarera qu'il veut se faire balayeur. Un journal du boulevard n'a-t-il point conté qu'un commandant plusieurs fois cité et chevalier de la Légion d'honneur., cherchant en vain une place après la démobilisation, avait fini par troquer Son:épée contre le balai municipal, et [qu'il s'en trouvait fort bien ? Le concierge de l'immeuble où j'habite ne e ifa&ait entendre qu'il y a- quelques ;années, il eût pu entrer, s'il l'eût voulu, .dans les services de la ville de Paris et, alors, il eût été balayeur, oui, monsieur, balayeur. Il prononçait ce nait avec une nuance d'admiration envieuse. A vrai dire, ce concierge digne, sobre et sage voyait un inconvénient à. ce métier qui paye si magnifiquement n homme c'est l'obligation absolue, inhérente à la fonction, de passer plusieurs heures par jour chez le marchand de vin. Les femmes parlent des balayeurs presque autant que de le.if chapeau d'été. Elles s'indignent de savoir qu'ils gagnent tant d'argent, travaillant si peu naïves Elles racontent en rentrant qu'elles ont failli prendre le balai des mains d'un de ces fonctionnaires indolents, rencontré sur leur route, et qui poussait d'un bras fatigué un papier minuscule vers une. brouette inaccessible. J'aurais voulu lui faire honte. » Il n'aurait pas eu honte le moins du monde, j'en ai bien peur....