Extrait du journal

Il n'est que trop vrai, comme l'écrit M. Bonnard, que le goût aristocratique d'une observation exacte se perd partout dans le monde. M. Bonnard l'a cependant précieusement conservé en lui et il reste assez d'esprits délicats pour lui en savoir gré. Mais.'dans cette relation de voyage ily a, à 'côté de ces observations si, fines, si poussées, on ne sait quelles .présences occultes qui les dépassent et qui communiquent a chaque page le frémissement de la forêt enchantée. M. Bonnard- est arrivé en Asie à l'heure où l'Empire millénaire commençait à se désagréger, à l'instant de l'abandon, au moment où le délire de la destruction s'emparait du peuple jaune. Il a vu, il a noté cette tragique, sédition. Mais avec un art surprenant il su réunir les morceaux cassées de la .vieille Chine, si bien que son li vre ressemble à ces laques dont il parle, et dont la technique paraît avoir été inventée « pour manifester en pein jour le monde des songes ». Il fait penser à ces peintures où « sur le fond crépusculaire de la soie les objets reproduits semblent flotter sur de la pensée ». Et je suis bien sûr que, si pour quelques-uns d'entre notes, le Mah-Jong est beaucoup plus qu'un simple jen, si ses graphies subtiles ouvrent à notre rêverie tant, de perspectives dél;cieuses, c'est que uar un heureux con-' cours de circonstances sa règle nous est arrivée de là-bas en môme temps que la. Revue des Deux Mondes publiait ces pages habiles à délivrer l'imagination prisonnière....