Extrait du journal

Grâce à la transparence de l'air, depuia le matin nous distinguions comme si nous en eussions ioulé de nos pieds la terre.l'He enchantée de Geylan, l'île verte et rouge couronnée par les blancheurs rosés du pic d'Adam. Cette vision me donna de l'angoisse et presque de la terreur. Car ce que j'apercevais là-bas, par-delà les flots, en ce moment couleur de myosotis, c'était non point un territoire, non pas un port, le but désiré du voyage, mais le brusque rappel a la vie mauvaise, le retour à mes instincts, le réveil âpre de tout ce qui durant cette traversée avait dormi en moi. Je ne voulus plus garder devant les yeux cette vision encore lointaine, dont chaque tour d'hélice me rapprochait, et, me détournant d'elle, }e contemplai le large, l'infini de la mer et du ciel, où j'eusse souhaité me perdre, disparaître, ainsi que ces grands oiseaux qui passaient dans l'air et s'y fondaient si doucement....