Extrait du journal

Tout le monde sait qu'à Versailles, dans le beau théâtre du palais où se réunit l'Assemblée nationale, il n'y a point seule ment une tribune où l'on parle; il y a aussi des tribunes où l'on écoute. Parmi ces der nières, il en est une plus spacieuse que toutes les autres; une douzaine de per sonnes y peuvent entrer de front, et elle est assez profonde pour contenir trois rangs de spectateurs. Elle est, sous ce rapport et sous beaucoup d'autres, bien plus com mode que les avant-scènes ou "l'on se trouve gêné quand seulement on y est qua tre. De ces places, on ne voit point le reste de la salle ; l'avantage d'entendre fort distinctement les orateurs y est désagréable ment racheté par l'inconvénient de les voir de trop près. Là tribune sur laquelle je veux aujour d'hui fixer l'attention s'ouvre au'fond de l'hémicycle que forme le théâtre ; elle est au premier rang et surplombe les banquettes des députés qui grouillent à cette extrémité de l'enceinte. On dirait une roche avancée, jetée sur un petit golfe au fond duquel s'a gite la mer. Je crois que, dans le temps, on avait placé à cet endroit la loge royale, d'où le monarque pouvait embrasser du même coup d'œil les beautés de la salle et les beautés du spectacle. Il voyait les décors de plus loin, mais d'un point de vue qui fa vorisait mieux l'illusion. Quant aux déesses des féeries, s'il n'avait point l'agrément de les admirer dans leurs détails, le prince n'a percevait pas du moins les artifices de leurs parures....