Extrait du journal

Le ministère Monis Était un phénomène, une sorte de difformité monstrueuse comme celle que les exhibitionnistes professionnels montrent dans les foires. Il avait l'air d'une farce énorme~ et l'on se contentait d'en rire. Mais on pensait, au moins, qu'il était le dernier mot de l'infirmité républicaine et qu'on ne verrait rien de pareil après lui. Eh bien M. Caillaux a réalisé ce miracle de surenchérir sur M. Monis. Son ministère n'est pas autre il est pire. Ce n'est point un sot que M. Cadlaux il est même tout le contraire. C'est un esprit avisé, souple et délié, qu'aucun scrupule n'embarrasse et qu.i va droit au but qu'a fixé son .ambition, sans s'inquiéter des principes ou des intérêts qu'il piétine en marchant. Il avait escompté depuis longtemps la crise qui devait le hisser à la présidence du conseil, si même il ne l'avait préparée. On devait supposer qu'il avait composé de longue date son ministère, et qu'au signal donné par M. Fallières, il le sortirait triomphalement de sa poche. C'est une méthode qu'on ne saurait trop recommander aux parlementaires qui nourrissent de semblables ambitions. Cette promptitude et cette netteté dans l'exécution sont de bon augure. Elles font croire que le nouveau chef du Spuvernement sait ce qu'il veut et où il va. II fait bon donner cette impression première à l'opinion publique. A défaut de respect, elle donjie un peu de crédit....