Extrait du journal

Aujourd'hui, tout a changé. Le soleil a les pâles couleurs, et le vent tousse à l'horizon. On dirait que la nature a eu un grand chagrin cette nuit comme ces amou reuses dont les cheveux blanchissent eu quelques heures, nocturne ment. Tout en haut des frondaisons, parmi l'intensité sombre des -verdures, des feuilles ont blêmi... Et, toute cette jour née, la rouille a fait tache, s'étendant d'une cime à l'autre sur le métal mouillé des feuillages. A gauche, dans le jardin, une vigne s'é tirait contre le mur, jolie et folle avec ses allures, profanes, et les frisures de ses « gourmands » qui lui retombaient sur le front comme une crinière de bacchante. A cette heure, elle grelotte sous la bise, tout d'ocre vêtue; ses jeunes rameaux retombent droits autour d'elle comme une chevelure de pénitente, et elle semble «i'ici, avec ses bras étendus et les pieds joints de son ceps, une crucifiée d'i voire jauni L'air n'a plus sa belle transparence, sa limpidité de source. Le son arrive non plus éclatant et net avec des sonorités de elairon, mais atténué, amoindri, voilé il a traversé l'ouate de brume qui s'élève au-dessus du lac, qui transpiré du sol, qui glisse des nuages, comme un pan.de mousseline qui traînerait de l'alcôve cé leste jqsqu'à notre humble séjour. Corot triomphe! Tout s'estompe, tout s'adoucit dans la saison nouvelle; la pré cision des contours a disparu, laissant entrevoir toute chose comme en un brouillard de rêve. Le ciel est gris, d'un gris tendre, sous lequel on devine le bleu, mais un bleu lavé que de pauvres rayons irisent à peine. ; Et-une grande tristesse vous étreint le cœur! Le soleil dépérit et la nature Ip soi gne en costume d'infirmière elle por tera son deuil, cet hiver, en blanc» comme jadis les reines, quand le roi étai* mort......