Extrait du journal

Si j'avais à parler rie l'affaire des gym nastes de la rue Saint-Marc, je dirais qu'il me semble qu'en celte circonstance on a fait plus de bruit que ces étrangers n'avaient l'intention de faire de besogne. Jadis le Prussien se glissait chez nous, ut sic latro, comme dit l'Evangile. C'était dans l'ombre, l'air humble, les yeux baissés et la mine confite, qu'ils se fau filaient, dit-on, parmi nous, afin d'accom plir sans risque et sans gêne un vilain mé tier. Essayant à tout propos de se rendre utiles, ils souriaient d'un air patelin, écrivaient nos lettres, additionnaient nos comptes, faisaient nos commissions, et berçaient les enfants ; puis, timidement et onctueusement, ils nous passaient la main-sur le dos et... nous prenaient la mesure. Aujourd'hui ce n'est plus cela ; ils ont quitté le masque de Tartuffe et c'est à visage découvert qu'ils nous apparais sent; seulement je ne sais comment cela se fait, mais j'ai beau les voir sous une face nouvelle, je retrouve toujours quelque chose de leurs anciennes allures, et ils ont beau vouloir parfois traiter avec nous de vainqueur à vaincu, c'est encore le vaincu qui a l'attitude du maî tre et le vainqueur les airs de soumis sion. Leur dignité est doublée d'un mé tal peu pur, ce n'est pas de l'or au premier titre, leur fierté manque de race " et ces gens ne savent porter haut la tête que sous les armes. Leur en faudrait-il encore des victoires pour qu'ils perdissent ce gros rire, ce pas lourd et ce maintien empêtré qui par dessus tout les distinguent ! De planton à la porte de l'Europe, ils croient, à n'en plus douter jamais, que c'est leur , feld-maréchal qui a donné le mot d'ordre du jour et imposera celui du lendemain. De là leur morgue et aussi cette voix rauque qui agace....