Extrait du journal

consentir à réduire leur portion ordinaire ; il n'y a que leur impuissance qui puisse les amener à cette réduction. De là, une concurrence très vive dans la demande des den rées alimentaires , lorsque l'approvisionnement n’est pas aussi abondant que de coutume ; l’effet de cette concurrence est une hausse des prix qui dépasse le rapport dans lequel l’approvisionnement est diminué. Voilà pourquoi les années de disette font la fortune des fermiers. Les ouvriers en trop grand nombre se trouvent vis-à-vis de leurs maîtres dans la môme situation que les consomma teurs de blé vis-à-vis du fermier ou des marchands de grains. C’est la subsistance qu’ils demandent; aussi leur concur rence à offrir du travail est-elle aussi forte que la concur rence des consommateurs à demander du blé. Le résultat est analogue dans les deux cas : ici, c’est le travail dont h; prix baisse dans une proportion plus grande que. le nombre des travailleurs n’est augmenté : lu concurrence déprécie la chose offerte, comme elle fait croître en valeur la chose demandée. Prenons un exemple. Figurez-vous un fabri cant qui salarie autant d'ouvriers que son capital peut en entretenir : ces ouvriers sont bien payés et dans l’aisance. Mais qu’il survienne de nouveaux ouvriers qui demandent de l’ouvrage ; ils n’en obtiendront pas au prix ancien, car le fabricant n’a pas de salaires à donner; cependant il faut qu’ils vivent. Pour être employés, ils baisseront leur prix, et ils le baisseront jusqu’à ce que le fabricant consente à les recevoir. Peut-être dira-t-on qu’ils iront demander du tra vail à d’autres fabriques ? Mais que l’on songe que , si nous n’avons parlé ici que d'un seul fabricant, c’e>t pour rendre lu fait plus sensible, en prenant un cercle plus étroit. En tendez par le fabricant, que nous avons supposé, l’ensemble de tous les manufacturiers, agiiculleurs et commerçants du canton ou du pays ; et alors vous verrez que, pour opérer la baisse des salaire», il n’est pas besoin d’un grand nombre de concurrents. Un léger accroissement de population met les ouvriers à la merci de leurs maîtres, et le mal dépasse pour ainsi dire la puissance apparente de sa cause. Nous avons dit la raison de ce fait; elle est facile à concevoir. Le docteur Chalmers en cite un exemple dont il a été témoin à Glascow. a Si vingt mille ouvriers, dit-il, dans une branche d d’industrie donnée , sont dans un tel rapport avec la de» mande de leurs services, que chacun d’eux reçoive une «honnête récompense de son travail , la concurrence d’un » millier de nouveaux venus peut très aisément baisser les «salaires de plus d’un vingtième. En d’autres termes, la iH» mi nu lion des salaires sera pins grande que l’addition-qui a «été faite au nombre des travailleurs. J’ai eu BCÜpasiéa

À propos

Fondé en 1824 par Pierre Leroux (1797-1871) et Paul-François Dubois (1793-1874), Le Globe a traversé plusieurs phases très distinctes : de publication strictement littéraire, la rédaction – regroupant plusieurs universitaires – s’est peu à peu intéressé à la politique et à l’économie, via le saint-simonisme.

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