Extrait du journal

de Londres renferme bon nombre de radicaux, et que l’adresse au roi des Français a été cependant adoptée à l’unanimité, parce qu’elle s’adressait au souverain libéral. C’est ce qui explique ce mouvement sympathique du peuple anglais vers le roi des Français, ce sentiment ae vénération qu on remarque dans les discours des corporations municipales, senti ment que les journaux français ont tourné en ridicule parce qu’ils ne l’ont pas compris. Le rot des Français était pour les bourgeois de Londres, de Windsor et de Portsmoulh la personnification couronnée de la Liberté et de la Paix, de ce qui lait la dignité et la prospérité des peuples. Nous serions bien fâché qu’on ne vît dans eo qui précède nu’une théorie plus ou moins ingénieuse; nous parlons d’après des'faits positifs, d’après des impressions trop sûres et trop nettes pour qu’il soit permis de douter de leur vérité. Le peuple anglais est attiré vers le peuple français par les idées de liberté et de paix. Le gouvernement anglais* sacrifierait-il à ces idées les intérêts matériels de l’Angleterre? Non, certes, et l’on ne peut l’en blâmer. Mais le gouvernement anglais connaît les sympathies nationales, il sait qu’il devra désormais compter avec elles, qu’il ne sera pas possible de les laire taire pour de minces intérêts, de les mettre sur l’enjeu de la folie d’un missionnaire ou de la vanité d’un midshipman. La politique de lord Palmerston ne serait même plus possible aujourd’hui, dans l’état de l’opinion publique en Angleterre. C’est précisément la cordiale entente qui correspond admira blement à la situation des esprits en Angleterre et en France. L'alliance entraînerait le sacrifice des intérêts, d’un côté ou de l’autre. D’aucun côté on ne veut sacrifier ses intérêts, et l'on a raison. Or, peut-on faire quelque chose de plus habile que de soumettre les intérêts qui divisent les deux pays à l’influence des sympathies qui les rapprochent? C’est là une grande et féconde idée. M. Guizot l’a exprimée, mais il ne l’a pas créée. Elle'était dans le cerveau des deux peu ples : il a eu la gloire d’avoir aidé à l’en faire sortir. F. S....