Extrait du journal
Les prétentions des journaux légitimistes se multiplient. Ils sont en veine d’outre-cuidance depuis quelques jours. Hier ils criaient qu’on voulait séduire et presque violer un parti dont ils se disent les organes et qui 11e les avoue qu’à moitié, le tout parce que les conservateurs traitent ce parti sans colère et sans rancune, avec l’impartialité qui convient à des hommes de gouvernement. Aujour d’hui ces journaux, à propos de l’esprit monarchique qui anime et élève le rapport du VL de. Broglie, viennent assez plaisamment nous défendre de parler de monarchie et de royalisme. C’est aux légitimistes exclusivement qu’il appartient de se servir d’un tel langage. Les légitimistes ont mis la main, leur puissante main, sur les idées de royalisme et de monarchie. A proprement parler, c’est leur chose. Ils rappellent, en s’exprimant ainsi, le mot de Rousseau dans un de ses plus sophistiques ouvrages: «Le pre mier qui entoura d’une haie un coin de terre et qui dit : Ceci est à moi! donna l’exemple de l’usurpation sur la terre.» Les légitimistes disent aussi : Ceci est à nous. Mais leur prétention est aussi vaine et aussi fausse que l’utopie de Jean-Jacques Rousseau. Oui, cela est faux, et nous le disons aux légitimistes dans toute l’âpreté du terme, puisque leur suffisance a pris le mors aux dents, ces jours-ci, avec une ardeur si farouche, cela est faux; cela s’ar ticule, mais cela ne saurait se soutenir. Il 11’est pas vrai que les idées monarchiques soient le possession exclusive, brillante — de droit divin apparemment ? — de messieurs les légitimistes. 11 n’est pas vrai que les conservateurs, qui ne s’appellent conser vateurs que parce qu’ils veulent conserver la monarchie, aient aboli tout royalisme dans leur âme, toute idée monarchique dans leur intelligence. Depuis douze ans qu’ils combattent con tre le désordre, au nom de quoi ont-ils combattu ? Pourquoi ont-ils parlé, écrit, agi, depuis ces douze ans de luttes continuelles et acharnées ? V a-t-il moyen de s’y tromper ? O11 se bat parfois (estce que les journaux légitimistes l’ignorent ? ) en cachant prudem ment ses enseignes. Mais les défenseurs de la monarchie de 1830 ont toujours déployé leur drapeau, et ils se sont trop appuyés, pour résister aux factions qui les ont pressés, dans des circonstances difficiles, à la grande idée que ce mot de monarchie renferme, pour qu’on vienne aujourd’hui la leur contester. Faut-il donc refaire pied à pied l’historre ? Faut-il, au lieu de marcher en avant, vers un but d’unité, d’ordre, de monarchie enfin, être obligé d’invoquer le passé à tout bout de champ, dans toutes ses phases, pour le purger des calomnieuses imputations des par tis ? Faut-il rappeler 1830 ? 1830, qu’011 nous reproche, 11’a-t-il pas daté le salut de la monarchie ? En 1830, une monarchie s’est perdue, il est vrai, et les hommes qui l’ont perdue, cette monar chie, auraient le droit de se dire plus monarchiques que lus hom mes qui en élevèrent une autre à la place de celle qu'on perdit ! Les royalistes qui poussèrent leur roi dans la voie qui le conduisit à l’exil seraient plus royalistes que ceux qui retirent un roi en pré sence de l’insurrection populaire, et qui travaillent depuis douze...
À propos
Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.
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