Extrait du journal

ges électoraux, les journaux de l’opposition appelleraient de son jugement au jugement du genre humain, puis du jugement du genre humain au jugement de Dieu, puis au jugement de Dieu au jugement du diable, sans doute. L’argument du Siècle, de la Nation et des journaux de celte école' est magnifique. Les juges nous condamnent, disent-ils, c’est vrai; mais les gens qui se promènent dans la rue ne disent riM) : donc, c’est vous qui êtes condamnés. Ainsi, on ne veut pas que le ministère se fasse une arme du jugement qui est prononcé, et on veut s’en faire une contre lui u’un jugement qui n’est pas prononcé et qu’il est permis à cha cun de rédiger selon son caprice. Le ministère du 29 octobre dure depuis quatre ans, et il dure de par le roi, de par les chambres et de par le corps électoral. 11 n’a reculé devant le jugement d’aucune des trois puissances qui, dans noire système politique actuel, concourent seules à faire et à soutenir lès cabinets. 11 est impossible de trouver une position plus nette, plus forte et plus constitutionnelle que celle-là. Ceux qui contestent la légitimité de la durée du cabinet au pouvoir doivent, s’ils veulent être conscquens, contester la légitimité du gouvernement constitutionnel ; ce n’est pas un changement mi nistériel qu’ils doivent demander, mais une révolution. Ne pas tenir compte de l'opinion des chambres, de l’opinion des élec teurs, c’est ne plus tenir compte de là charte ; c’est la nier. Si de l’appréciation de la valeur de l’assentiment des cham bres et des électeurs, ils passent à l’appréciation des actes du ministère, les journaux de l’opposition sont encore plus inconséquens et plus aveugles. Le Constitutionnel, le Siècle et tous les autres journaux de M. Thiers trouvent que le canon de Bey routh et de St-Jéan d’Acre était plus honorable pour la France que les noms de Tanger, de Mogador et d’isly. Le Constitutionnel et le Siècle trouvent que la rupture avec l’Angleterre faisait à la France une position plus forte en Europe que la cordiale entente. „ Le Constitutionnel et le Siècle trouvent que la France qui fa briquait des fusils, en 1840, est.plus prospéré que la France qui fabrique des rails, en 1844. Avec M. Thiers et ses journaux, il faudra ainsi définir les mots honneur, force et prospérité, dans la prochaine édition du dic tionnaire de VAcadémie. æ Honneur. — Mot qui exprime l’adHa de se mettre à l’écart, à l’approche du danger. Exemple: — Rappel de la Hotte à Toulon, en 1840. Force.—Résultat de l’isolement et non pas de l’union.—L’u nion ne fait pas la force : c’est la sagesse des nations qui l’a dit. Prospérité.—Situation dans laquelle on décuple les dépenses improductives, ce qui mène tout droit les individus à l'hôpital et les peuples à la banqueroute. Si donc l’on compare le point de départ et le point d’arrivée du ministère du 29 octobre, la différence est frappante. Quand celui-ci n’aurait fait que réparer les fautes du 1er mars, il aurait déjà beaucoup fait. Mais il a fait plus : il ne s’est pas contenté de réparer, il a constitué la conciliation des intérêts secondaires des peuples par l’intérêt supérieur de la paix. Celte grande et féconde idée lui survivra et le système de la cordiale entente s’appellera long temps, dans la langue politique, le système du 29 octobre. Nous voudrions bien savoir ce qui a survécu au ministère du l«r mars ? —Un discours où il exaltait l’alliance anglaise, au point de lui sacrifier la puissance maritime de la France, et un discours où il exaltait la désunion avec l’Angleterre, au point de lui sacrifier la paix de la France. — Deux contradictions, à quel ques mois de distance, — rien que cela !...