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Le Globe, 3 septembre 1879

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Le Globe
3 septembre 1879


Extrait du journal

auxquels appartenaient les trois quarts des promeneurs, sert à désigner “ la Com mune. ” Donc tout individu poussant le cri de vive la Commune 1 devait être tenu pour suspect. 5 heures. Vers cinq heures, l’heure du dîner ap prochant, on évacue peu à peu le Jardin des Plantes pour se rendre dans les établisse ments publics environnant la gare. 7heures. La cour d’arrivée et les abords du che min de fer commencent à sc peupler, vers sept heures la foule a grossi ; les amis, les parents de ceux que I on attend se pres sent ; des fiacres arrivent d’instant en instant, débarquant des femmes, des enfants. Les conversations s’animent de plus^ en plus et l’on s’interroge pour connaître l’heure exacte de l’arrivée du train. Mais ces questions multiples n’obtiennent que des réponses évasives et les employée de la gare ne savent comment répondre à la masse d’interlocuteurs qui les entoure. 7 heures. A ce moment, une fausse alerte se pro duit et un mouvement de houle fait affluer le flot des impatients aux portes de sortie. Le train de Bordeaux venait d’entrer eu gare, on crut alors qu’on allait voir descen dre des wagons ceux dontl’arrivée paraissait attendue avec tant d’impaticncc. Un indivi du pris pour un amnistié lut accueilli par les cris de vive la République! on l’entoura, chacun voulait le voir, lui parler et ce mal heureux voyageur, tout stupéfié par cet ac cueil, fit des efforts désespérés pour se sous traire aux sympathies trop vives dont il était l’objet. La place Walhubcrt, le pont d’Austerlitz, se garnissent de monde, la. circulation de vient de plus en plus difficile pour les voi tures. Une centaine de gardiens de la paix sont chargés de maintenir l’ordre; le boulevard de l’Hôpital regorge de curieux depuis le pont d’Austerlitz jusqu’à la rue Poliveau. 8heures. Vers huit heures il y a au moins cinq mille personnes tant dans la gare qu’aux abords. On n’entend aucun cri, et toute cette foule va et vient dans le plus grand ordre. A huit heures cinq, de chaleureux applaudissements saluent l’arrivée d’un train. Les voilà! les voilà ! s’écrie-t-on de tous côtésetle cri de vive la République ! retenti tOn se précipite vers la salle des bagages, mais on ne tarde pas à reconnaître qu’on s’est trompé. Le mouvement de déception s’accentue, le commissaire spécial de la gare vient de faire afficher un avis annonçant que le train des amnistiés n’arrivera qu’à 3 heures 57 du matin. 9heures et demie. Cet avis est lu avidement et l’on a peine à y ajouter foi; on prétend que c’est une manœuvre, mais peu à peu le calme se ré tablit, pourtant on a peine à se retirer. Des porteurs circulent dans la foule en vendant la liste de ceux qui reviennent de la Nou velle-Calédonie. Enfin, peu à peu on se retire, les plus in crédules persistent à penser que l’avis porté par voie d’affiche à la connaissance du pu blic n’est destiné qu’à tromper leur attente. Pourtant l’heure se passe et les groupes se dispersent. A neuf heures et demie, les rangs s’éclair cissent de plus en plus et on ne remarque plus qu’une légère animation dans la gare, à dix heures tout ce quartier si désert reprend sa physionomie habituelle. Minuit et demi. Les groupes se so nt reformés. Il y a des gens qui sont bien décidés à ne pas s’aller coucher et à attendre l’arrivée du convoi. Les cafés et les estaminets sont pleins de monde. On cause avec assez d’animation, mais le sentiment qui domine est celui de la joie ; personne ne paraît vouloir faire une manifestation politique dans le sens du mot. 3 heures. Les simples curieux sont partis depuis lontemps. Il ne reste que les personnes qui attendent réellement quelqu’un. L’air de la nuit est très vif, surtout au bord de la Seine ; aussi se promène-t-on avec assez de viva cité, autant pour lutter contre le froid que pour vaincre le sommeil. Le service d’ordre est fait par deux es couades de gardiens de la paix commandés par un jeune officier de paix. 4 heures. Un long sifflement annonce l’entrée du train en gare. Presque aussitôt un grand mouvement se produit. Le public envahit la galerie du côté de l’arrivée. Les amnistiés sortent chargés de leur petit bagage et cher chent dans la foule un parent, un ami. Au cune manifestation ne se produit. Les estaminets viennent de se rouvrir et sont de nouveau encombrés de clients. D’ailleurs, calme complet....

À propos

Fondé par Adolphe Coste en 1871, Le Globe était un journal républicain qui se donnait pour mission d’« instruire son lectorat », et de lui apprendre à tirer le meilleur de la nouvelle situation politique en France après l’Empire – souvent d’un point de vue économique. Ce journal ouvertement cynique sera publié jusqu'en 1938.

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