Extrait du journal

PARTS, 5 DÉCEMBRE. Le Constitutionnel fait depuis longtemps la guerre aux jésui tes, et, en vérité, nous no savons pas pourquoi, car jamais les bons pères, même du temps d’Escobar, n’ont compris la morale d’une manière aussi large, aussi accommodante, aussi indulgente. On par lait, il y a quelque* années, de littérature facile ; il faudrait ressus citer le mot, et l’appliquer à la morale du Constitutionnel. Savezvous ce que l’austère journal pense du serment? Il dit que c'est une affaire de conscience, et que le serment que prêtent les légitimistes est leur affaire. Heureusement que la casuistique du Constitutionnel ne pont pas être contagieuse, dans un pays de religion et d’honneur. En Fran ce, le serment a toujours été une chose grave et respectée. Pour quoi le maréchal Noy fut-il condamné à mort? Pour avoir violé le serment de fidélité librement prêté à Louis XVIII, et pour être allé saluer Napoléon empereur, à son retour de Vile d’Elbe. Dans l’ordre des lois civiles le témoin qui viole, devant la justice, le sermentqu’il a fait de dire la vérité, est soumis à des peines graves, et ie Consti tutionnel ne citerait pas une situation dans laquelle la violation du serment demeure impunie. Et cela doit être ainsi ; car si le simple mensonge entraîne le mépris des hommes et la condamnation de Dieu, que ne doit pas faire le parjure? La morale du Constitution nel laisse donc en arrière tous les exemples de relâchement qu’on pourrait citer, et donne un pendant à la foi punique. Le Constitutionnel oserait-il dire que le sonnent, bon en matière civile, devient une affaire de conscience , c’est-à-dire une affaire d’appréciation , en matière politique? Mais depuis quand donc la bonne foi, la sincérité, la loyauté, nécessaires dans les neliles cho ses, seraient-elles inutiles dans les grandes? Depuis quand ceux qui prennent part au gouvernement, et qui mènent les peuples, se raient-ils dispenses d’obéir aux lois de la parole donnée en face du pays et de Dieu ? La France ne le croit pas ; car elle a demandé , il y a 13 ans, un serment solennel au roi, en lui conliant le trône; et ce serment a été pris très au sérieux et par celui qui le donnait, et par ceux qui le recevaient. Cependant, tous les scrmens réels ont la même nature, et si celui des députés, qui représentent le pays, pou vait être impunément violé, de quel droit voudrait-on rendre le roi esclave du sien? On parle tous les jours de contrat entre le roi et la nation; or, que devient un contrat à deux parties , lorsque l'une d’elles se soustrait à son exécution? Ainsi, la doctrine du Constitutionnel est à la fois fausse et immo rale ; le serment n’est pas une affaire de conscience, c’est-à-dire une affaire dont chaque individu peut se faire une opinion libre dans son for intérieur ; le serment est sacré devant devant Dieu et de vant les hommes, et il relève, non du tribunal de la conscience in dividuelle, mais du tribunal des lois établies. 11 n’est pas vrai qu’un citoyen français puisse avoir deux rois, et que ce ne soit pour lui u'une affaire de conscience; on n’est citoyen français qu’à la conilion d’obéir aux lois du pays ; or, les lois du pays ne reconnais sent pas l’existence simultanée de deux rois, ce qui reviendrait à re connaître l’existence de deux gouvernemens. Le Constitutionnel a beau construire son sophisme plein d’im moralité sur la position spéciale de ceux qu'il appelle les légitimis tes , et dire que le gouvernement doit subir les députés, quels qu'ils soient, que le choix des électeurs lui impose. Aux yeux des lois EK...