Extrait du journal

LE PATRE DU HONNECK..(,) André tressaillit, et l’on eût pu voir un nuage passer rapidement sur sa face bronzée. Néanmoins il se remit sur-le-champ. Tu trouves cela très simple, mon garçon? dit-il. Certainement, répondit Paul. J’ai l'autorisation de Clotilde, et c’est à vous qu’il appartient de faire cette démarche... Oh ! ne me refusez pas, je vous en conjure 1 Hier, elle m’a, pour la première fois, avoué son amour... Comprenez-vous mon ivresse, mes transports ? Oui, je comprends tout cela... Mais écoute! Le percepteur, entre nous soit dit, n’est pas un individu très recommandable sous le rapport des qualités morales ; je connais mon homme de longue date... En quels termes êtes-vous ensemble ? Il y a, dit Paul, beaucoup de froideur dans nos relations ; plusieurs fois, même, il a presque repoussé des avances que je lui faisais par po litesse... ou plutôt dans l’intérêt de mon amour. C’est un grossier per sonnage, et je me suis retenu souvent pour ne pas lui exprimer mon opinion sur sa conduite. — Mais, ajouta le jeune homme avec un léger tremblement dans la voix, pensee-vous qiril mette obstacle à mon mariage avec Clotilde? — J’en ai grand’peur, dit André. — Ce serait odieux, mon père ! Cet homme a-t-il donc le droit de nous condamner au malheur? — Il en a le droit. — Qu’il prenne garde 1 cria Paul en frappant la table de son poing fermé. — Bon ! je te vois venir, dit le pâtre : tu lui jetteras quelque insulte à la face et tu le provoqueras en duel... n’est-il pas vrai ? Ce soir même, s’il le faut. — A merveille 1... En ce cas, de deux choses l’une : ou le percepteur t'enverra proprement une balle dans le crâne, ce qui tè guérira pour toûjours de Penvie d’épouser Clotilde, ou bien ce sera toi qui le couche ras sur la poudre... Or, crois-tu que la sœur consente jamais à prendre pour mari l’iiomme qui aura tué son frère ? — Hélas! murmura Paul, je n’ai donc plus qu’à mourir 1 — Autre sottise, reprit André. Le plus court est de vivre... D’abord, pour raisonner sagement, ce que tu ne fais pas à. celle heure ; ensuite, Kour aviser aux moyens de conduire ce mariage à bon port. Voyons... I. Thomas est un gredin du premier calibre, une canaille sans vergogne..è,:C6ci mé semblé parfaitement clair, et j’en ai la preuve. Atant (1) Voir le Globe des 30, 31 octobre, 1er et 5 novembre....