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Le Globe, 5 novembre 1844

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Le Globe
5 novembre 1844


Extrait du journal

—Horreur!—s’il l’eût emporté; si Dagobert, Morock et M. Bodin eussent battu la caisse devant la porte du journal de M. Guizot, les dix-neuf mille adhérons à M. Thiers, après avoir été sur le point de devenir dix-neuf mille adhérons à M. Molé, seraient peut-être devenus dix-neuf mille adhérons à M. Guizot. —Dans quel Océan de méditations tout cela ne doit-il pas plonger ceux qui réfléchissent sur l’action de la presse et sur les mobiles se crets de cette action. Nous continuerons cette curieuse étude, qui ne sera pas, peutêtre, sans fruit pour nos lecteurs. Nous avons sous les yeux un article d’une haute importance, publié par la Revue de Westminster du mois de juin dernier, sur ta situation des colonies anglaises. Ce travail, qui mérite déjà une sérieuse attention, à cause de la position élevée que le West minster Revietc occupe dans la presse anglaise, acquiert encore une importance nouvelle de celte circonstance qu’il a sans doute été écrit sous l’inspiration du West-lndia-Body. Il peut donc être considéré, ainsi que le fait observer le rédacteur de la Revue coloniale, qui l’a traduit dans son numéro de septembre, comme le cri d’alarme des colûns anglais, comme un manifeste complet de leurs vues et de leur plan de conduite, en présence de deux grandes questions auxquelles est attaché tout leur avenir. Nous regrettons vivement que l’étendue de l’article de la Revue de Westminster ne nous permette pas de le reproduire en entier. En restreignant nos citations aux deux points qui doivent nous préoccuper davantage, quant à présent, savoir : le résultat obte nu par l’Angleterre contre la traite et l’état actuel de ses colo nies, nous chercherons à analyser le plus littéralement possible les autres parties de ce remarquable travail. Voici l’article de la Revue de Westminster : « Il y a environ trente-cinq ans que l’Angleterrea interdit à ses propre# sujets la traite des noirs. Depuis lors, elle n'a pas cessé de faire les ef forts les plus généreux pour arriver à l’abolition définitive de ce trafic coupable, soit en passant des traités avec les puissances étrangères, soit en entretenant sur les côtes d’Afrique des croisières de surveillance. On a calculé qu’elle avait dépensé dans ce but plus de 17 millions de livres sterling. Cependant, non-seulement elle n’a pas atteint le résultat désiré, la traite des noirs s’étant accrue, malgré toutes tes mesures prises pour la réprimer, et étant devenue manifestement plus horrible, par suite de ccs mesures mêmes ; mais, dans le cours de ses efforts, elle s’est vue obligée plusieurs fois de violer les principes les plus reconnus du droit international, et s’est attirée par la l'animadversion de toutes les puis sance maritimes de l’Europe et do l’Amérique; dans plus d’une occasion récente, elle a failli même se trouver engagée dans des voies d’hostilité déclarée. Aujourd’hui de sificères absolulionisles se demandent si, dans le double intérêt de /’Angleterre et des populations africaines, il ne se rait pas préférable de supprimer nos croisières, et de renoncer entiè rement, sinon à notre projet, au moins au système employé jusqu’à présent pour le mener à fin. « Cependant, après avoir aboli la traite des noirs, l’Angleterre com prit, avec assez de raison , que sou œuvre resterait incomplète, tant qu’elle n’aurait pas réussi à extirper l’esclavage lui-même, d’abord de ses propres possessions, et ensuite par l’exemple,-les négociations ou la force, du reste du globe. Une société se forma donc dans cette intention expresse, et trouva immédiatement dans le parlement l’appui d’un parti nombreux et puisant. Le projet, prôné et soutenu avec ardeur en Euro pe, rencontra naturellement aux colonies une violente résistance. Mais malheureusement aucun des deux partis ne se préoccupa des mesures préparatoires qui, aux yeux de tous les gens sensés, pouvaient seules assurer le succès de la réforme projetée. I « Les planteurs, découragés par la supériorité de leurs adversaires,...

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

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