Extrait du journal

Hier, le National criait au secours aux quatre points de l’horizon, et c'est à peine s’il éveillait dans cette masse inerte un faible écho, bientôt silencieux,Cependant il s’agissait de l’honneur et de la gloi re de la France. Nous avions eu, sans nous en douter, nu 15 juillet, un second 1815; nous étions menacés d’en avoir un troisième. L’ennemi était aux portes, et le ministère était d’accord avec lui: * ne venait-il pas de détruire celte belle flotte, notre seule gloire, après l’Afrique, depuis dix ans. La National battait la générale, il mena çait de fermer son bureau, de briser une plume désormais inutile, ou de se la passer à travers le corps, si la France regardait passi vement tous ccs crânes. Car, il n’y avait pas à en douter, le crime était consommé, et le National le constatait par cette phrase qui était la première de son article : Le désarmement est ordonné, il est consommé. Et pour prouver la bonne foi de ces assertions et la loyauté do sa colère, le National revient aujourd’hui à la charge, et il com mence ainsi : Le désarmement est - il ordonne? est - il con sommée Comment, honnête puritain ! vous affirmiez hier, sur votre honneur et sur votre indignation, que le désarmement était consommé; et vous demandez aujourd'hui s’il est commencé! Qu'est-ce donc à dire ? Vous moqueriez-vous par hasard du pu blic et de vos lecteurs ? Ou bien quclqu’ennemi jaloux vous auraitil trompé pour vous pousser au suicide dont vous nous menacez? Maintenant veut-on savoir pourquoi le National a fait tant de bruit sur le désarmement, qui n’a jamais existé ; le voici : « Le Siècle, entre autres, cita le chiffre des réductions imposées « au ministère de la marine. Le ministère jugea-t-il à propos de « démentir les allégations du Siècle? Pas le moins du monde;et, * par là, nécessairement, il les confirma. » Voyez-vous la belle raison! le Siècle Va dit; donc la chose est. vraie ; le ministère se sait donc il est coupable... donc le National a eu raison de délayer du pathos en deux colonnes, d’insulter le gouvernement et de crier à la France : Insurgez-vous ou laissez-, moi mourir !... ■—•— Le gouvernement paraît s’étre amusé assez longtemps avec les déclamations des journaux de l’opposition sur le désarmement; il leur donne congé ce soir en expliquant semi-officiollement, dans le Moniteur parisien, que, depuis juillet 1840, on avait suspendu le congédiement des marins ayant à bord de la flotte le temps de service voulu, et qu’on profitait du premier moment où il était possible d’accorder des * congés sans nuire au bien du service, pour rendre un grand nombre de marins à leurs foyers et à'la marine marchande. Mais la délivrance des congés a été prudemment combinée avec l'emploi immédiat d’élémens do remplacement propres à combler les vides que laisserait le dé barquement des hommes renvoyés dans leurs foyers. C’est ainsi que les inscrits disponibles à la division de Toulon ont pris , sur l’escadre,.la place d’autant d’inscrits mis en congé; de .sorte que, tout en embarquant ,les recrues de la classe de 1840, on a con-...