PRÉCÉDENT

Le Globe, 8 octobre 1842

SUIVANT

URL invalide

Le Globe
8 octobre 1842


Extrait du journal

Le comte d’Urban et la comtesse emmenèrent chez eux les deux arri vons. Le soir, dans Avignon, on ne parla que du marquis de (langes, que l’on croyait mort dès longtemps. Voici ce qu’on en racontait, d'après des renseignemens authentiques ; A la suite de la très douce sentence qui le condamnait à l’exil et confis quait tous scs biens, on vit l'empoisonneur se diriger vers la frontière ; mais il revint bientôt sccrètcmcrt demander par grâce un asile dans le châ teau dont son (ils était maître désormais. Comme il avait eu l’art de se dis culper de son crime, le jeune homme crut faire œuvre pic en accueillant ce père infortuné, cet empoisonneur vertueux, victime de la calomnie. L’Iioimctc scélérat, ail fond de son ancien domaine, bravait la justice du roi, qui le croyait à tous les diables. Quand on eut à peu près oublié cette affaire, le marquis sortit de prison, et reprit ses allures de maître, sans que M. Bàvillc, l'intendant, eût l’air d’en savoir quelque chose ; bien plus, ils furent au mieux ensemble, car le marquis se fit convertisseur : il envoyait ses vassaux à la messe de bon gré ou de force. Un zèle aussi vigoureux méritait bien quelque indulgence. Le moyen de croire coupable un chré tien de si bon a loi ! Mous de Hàville, ce grand maître en fait de conversions d'hérétiques, trouvant dans le marquis un digne lieutenant, lui donna l’absolution de ses fautes : cent huguenots baptisés rachetaient bien la mort d’une femme; à ce prix là, mon intendant eût permis de tuer père et mère. Or donc, il fut au mieux avec notre marquis ; celui-ci venait en secret auprès de l’excellence conférer sur la religion : bref, mon tartuffe devint un petit saint qu’on révérait par peur dans toute la contrée, et nul n’aurait songé à le trahir : on avait foi en scs reliques. Aussi lorsque son fils se vit obligé de partir pour rejoindre son régiment à Versailles, ce fut à ce bon père qu’il confia le soin de veiller sur sa jeune et charmante épouse, dont il repoussait en riant les idées noires et les va gues terreurs. Mais, hélas ! ces terreurs n’étaient pas vaincs ; tout vint les augmenter (le jour en jour. La malheureuse frémit tout de bon en se voyant seule au pouvoir de cet effroyable beau-père, à qui tout obéissait au château. Le souvenir de la pauvre marquise la poursuivait partout. C'était dans la chambre même qu’elle occupait qu’avait eu lieu l’horrible scène, toujours présente à son esprit, et qu’elle croyait voir chaque nuit en rêve... Elle était seule avec cct assassin qui la suivait comme son ombre et la...

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

En savoir plus
Données de classification
  • avignon
  • guizot
  • barrot
  • john hugues
  • hugues
  • léon faucher
  • lacave-laplagne
  • marrast
  • taschereau
  • methuen
  • france
  • belgique
  • angleterre
  • brésil
  • bissau
  • afrique
  • toulouse
  • carcassonne
  • béziers
  • versailles
  • bt
  • parlement
  • union douanière
  • brice