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Le Globe, 9 novembre 1841

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Le Globe
9 novembre 1841


Extrait du journal

M. le ministre du commerce a publié dans le Moniteur la liste des membres du conseil général d’agriculture convoqué pour le 10 décembre prochain. Un journal de Bordeaux fait observer que parmi les notables agronomes qui composent cette assemblée, aucun représentant spécial n’a été donné à l’agriculture vinicole, malgré la place importante qu’elle occupe dans l’agriculture gé nérale de la France. Nous no savons pas si les habitans des colo nies, aujourd’hui que l’agriculture métropolitaine livre à la con sommation une même denrée que celle de l’agriculture coloniale, ne seraient pas quelque peu en droit d’être représentés, eux aussi, dans une réunion où leurs intérêts particuliers vont être pesés, sans eux et peut-être contre eux, dans la balance des intérêts généraux de l’agriculture do la France. On sait qu’au nombre des questions qui seront examinées dans la réunion du 10 décembre, celle des sucres est en première ligne, et sans aucun doute la procès y sera fait à l’agriculture coloniale. Cependant le plusgrand bienfait qu’on attendait de la culture des betteraves,était, disait-on, do supprimer complètement la jachère, c’est-à-dire d’empêcher que la terre, se reposant une année sur trois, privât la France d’une notable portion des produits qu’elle doit retirer de son sol. La betterave allait changer le mauvais sys tème d’assolement adopté,et permettrait à l’avenir de répartir les cultures entre les diverses terres, sans les épuiser ou mémo les fatiguer ; partant, une quantité considérable de céréréales allait être livrée en plus à la consommation. La nourriture que les bes tiaux trouveraient dans la pulpe et dans les résidus de la bette rave. après extraction d’une grande partie de la matière saccha rine et de toute la matière aqueuse, allait tellement augmenter le nombre des élèves, qu’avant peu, non seulement l’introduction du bétail étranger ne serait pas réclamée, mais le peuple fran çais tout entier verrait se réaliser le vœu d’un de ses rois, en mettant, sinon une poule, du moins un morceau de bœuf dans son pot au feu. Pour favoriser une culture d’où toutes ces merveilles devaient surgir, on a dû se féliciter de l’intervention heureuse de la chi mie, qui, extrayant en abondance du sucre de la betterave, a créé une nouvelle industrie et donné à l’agriculture un débouché si fécond pour la production d’une plante jadis bornée à ses fonc tion de plante potagère. Donc si de tant magnifiques promesses avaient été tenues par la betterave, il faudrait bénir les mains qui la plantent et celles qui la convertissent en une denrée que cha que jour met davantage au rang des consommations de première nécessité. Mais en a-t-il été ainsi? La jachère a-t-elle disparu? Aucun changement s’cst-il opéré dans les assolcmens ? Les blés sont-ils venus au marché en plus grande quantité? ont-ils considérable ment baissé de prix? Les bestiaux sont-ils tellement abondans que la viande soit à la portée de la consommation du plus grand nombre? A-t-on donné congé aux bœufs étrangers, et leur intro duction est-elle considérée d’une urgence aussi prohibitive que celle des tissus de coton, par exemple? Nous ne pensons pas qu’il y ait une seule de ces questions auxquelles il soit possible de ré pondre affirmativement. Du moment où la fabrication du sucre indigène est sortie de ses limites, et s’est laissée aller à un appétit que le gouverne ment ne faisait que développer de plus en plus par son incurie et par les injustes privilèges qu’il accordait â cotte industrie, elle a cessé d’être l'auxiliaire de l’agriculture. Au lieu d’ètre une aide pour les améliorations agricoles, elle est devenue nuisible. Elle a été cause d’une exorbitante augmentation du prix de location des terres. Elle a enlevé un grand nombre de bras à la culture alter ne et raisonnée, dont elle s’est rendue indépendante en beaucoup de localités. Elle a abîmé les terres des cultivateurs limitrophes, en défonçant les chemins par lesquels s’opèrent ses transports. Enfin, grâces à elle, le prix de la journée a passé toute mesure en...

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

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