Extrait du journal

Parle, 10 Juillet. La chambre îles pairs a entendu aujourd'hui les interpellations de M. le prince de la Moskowa sur les affaires du Maroc, et les explications données à ce sujet par M. le ministre de la marine et par M. le ministre des affaires étrangères. Tout le monde sentait à l’avance l'inutilité de ces débats, dont les élémens étaient con nus et appréciés. La manie de voir l’intervention de l'Angleterre dans tout ce qui nous touche est devenue parfaitement ridicule, et les .esprits tracassiers et chagrins se sont privés d’un bon moyen d’opposition en l’exagérant. On a fait des Anglais comme de ia muscade de Boileau : on en a mis partout ; si bien que ceux qui usent encore de l'argument commencent à en sentir eux-mêmes l’absurdité. MM. les ministres de la marine et des affaires étrangères ont donc expliqué comment la France faisait elle-même ses affaires vis-à-vis du Maroc, et comment n’ayant eu rien à cacher de leur politique générale en ce qui louche cette question, ils n’avaient néanmoins et en aucune façon communiqué à qui que ce soit les instructions données à nos officiers de terre et de mer. L'Angle terre a des intérêts graves à protéger dans le Maroc, et il est na turel qu’elle envoie sur ses côtes des forces suffisantes pour attein dre ce but. L'Espagne elle-même fait des préparatifs pour ven ger une injure personnelle; mais la France agit pour son compte et dans les données de sa politique générale, et aucune nation n’a le droit de le trouver mauvais. La France demande au Maroc deux choses fort simples et fort naturelles : l’éloignement d’Abd-el-Kader des frontières de l’Al gérie, et le châtiment des chefs qui ont violé notre territoire. La raison de cette demande est parfaitement motivée, et tout porte à croire que l'empereur du Maroc l’accordera pleinement. Une dé pêche du consul de France b Tanger annonce un commencement d'exécution en ce qui touche les chefs militaires d’Ouchda ; et quant à l'éloignement d’Abd-el-Kader, M. le ministre des affaires étrangères a formellement déclaré que si les forces de l'empereur n’y suffisaient pas, la France se chargerait elle-même de l’entre prise. L’affaire du Maroc est donc complètement débarrassée de la broussaille dont on avait voulu l’envelopper ; l’Angleterre n’y est pour rien, en ce qui nous touche ; et la question de la France est exclusivement posée sur le terrain de ses légitimes intérêts....