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Le Globe, 10 juillet 1844

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Le Globe
10 juillet 1844


Extrait du journal

Parle, 9 juillet. La chambre des députés a discuté aujourd’hui le budget de l’instruction publique. Ce débat a été très varié et très sautillant, touchant à beaucoup de choses cl n’en épuisant aucune. Nous n’avons remarqué que ce qui a été dit touchant deux ou trois points, l’un fort sérieux, les autres assez ridicules. Une bonne idée, qui s’était sans doute trompée de chemin, a passé par hasard à travers la tête de M. Taillandier. L’honorable membre voudrait que l’on créât dans les Facultés de droit une chaire de droit ecclésiastique. Malheureusement, cette idée ne pouvait pas traverser une pareille cervelle sans s’y compromettre : c’est ce qui lui est arrivé ; NI. Taillandier n’a vu dans une chaire de droit ecclésiastique que le moyen de faire enseigner le concordat, H dédire probablement des injures aux papes. Le concordai est une bonne loi, et il faut l’exécuter; mais il n’est pas nécessaire d’ouvrir un cours pour en enseigner la doctrine; un professeur ordinaire l’expliquerait aisément en une leçon. Une chaire de droit ecclésias tique, ou plutôt de droit canon, serait en effeljfort utile, par exem ple, à la Faculté de droit de Paris ou au collège de France. Les deux tiers des principes de notre droit appartiennent au droit ecclésiastique ; tout le code de procédure ci vile et tout le code de procédure criminelle en sont à peu près littéralement tirés. Le droit romain explique une certaine partie des origines de nos lois, mais il ne les explique pas toutes ; et pour quelqu’un qui n’a pas fait pour son compte des études spéciales sur le droit ecclé siastique, nos codes sont, à beaucoup d’égards, un effet sans cau se. J .a partie historique du droit manque totalement dans les Fa cultés; il ne serait pas indispensable de la faire enseigner partout; mais il est honteux que Paris au moins ne possède pas un ensei gnement semblable. C’est faute d’avoir un passé, une histoire, une signification sociale,que notre droit se borne à des formules sèches, arides, faisant de ceux qui les apprennent des répertoires d’articles et non des jurisconsultes. Aussi le droit s’en va-t il, et il ne reste que la chicane. 11 y aurait donc au moins une belle chaire à fon der, une chaire d’histoire du droit, embrassant toutes les origi nes de notre législation, les origines chrétiennes, les origines féo dales, les origines coutumières. Une pareille chaire serait com prise et admise par tout le monde ; et d est triste qu'on n’ait pas trouvé une place jiour elle dans le catalogue trop nombreux des superfluités prétendues scientifiques et parfaitement stériles que le gouvernement a fondées. Nous ne dirons rien de la petite discussion soulevée par M de Lespinasse au sujet du collège de France. Il est certain qu’il y a là des professeurs d’une imagination un peu ambulatoire et d’une science très suspecte. Quelques-uns de ces messieurs ont cru devoir se faire pamphlétaires, et de débiter leurs fantaisies en guise de leçons. On pourrait, à la rigueur, trouver mieux en fait d’esprit, de convenance et de bon sens. Quant au irolesseur polonais qui a inventé une nouvelle religion et qui 'enseigne dans sa chaire, il abuse un peu trop du privilège du malheur. Il y a eu à son cours des scandales à la fois si odieux et si ridicules, que la responsabilité du ministre qui les tolérerait dorénavant serait sérieusement engagée. M. Grandin, connu jusqu'à présent43ar sa fabrique de draps et par son aventure de Louvicrs, s’est lancé aujourd’hui dans les sciences naturelles : il a demandé la suppression d’un crédit pro pose pour une chaire d’embryogénie comparée. M. Grandin a des motifs pour qu'on ne parle pas des embryons, et c’est probable ment cette répugnance qui l’a inspiré. Restent M. Isambcrt et M. Lherbette, qui ont fait assaut de ri dicule au sujet du fauteil de Dagobert. Lequel des deux a vaincu 'autre ? nous ne savons ; arcades ambo. Donc le grand roi Dago...

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

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