Extrait du journal

PARIS, 10 NOVEMBRE. On a déjà signalé le développement qu’acquiert tous les jours la presse désorganisatrice, et l’action corrosive qu’elle exerce in cessamment contre la religion et contre la société. Il est certain que là est le danger pour tous les intérêts graves ; et tandis que les génies médiocres et les esprits routiniers, habitués à tourner depuis vingt ans la meule parlementaire, ne se préoccupent que de coalitions, de transactions et de contradictions, les hommes qui soient de loin et qui ont le coup d’œil sûr s’effrayent à voir mû rir,dans un avenir prochain, le fruit des idées révolutionnaires et impies que les partis plantent à cette heure. Oui, il est très vrai que les journaux subversifs de tout ordre et de toute morale se multiplient, tandis que les journaux conser vateurs existent, en les bien comptant, au nombre de trois. Mous parlons de l’état de la presse, à Paris. Nous mettons d’un côté le Journal des Di rais, la Presse et le Globe : et de l’autre côté, tous les autres journaux sans distinction, les uns parce qu’ils vont au désordre les yeux fermés, les autres parce qu’ils vont au désordre les yeux ouverts. Et il y a plusieurs raisons pour que les écrivains, ou soi-disant tels, affluent de préférence vers la presse révolutionnaire, sur tout vers la presse républicaine, et vers cette presse hermaphro dite dont le Courrier français est le type, et qui s’est donné ellemême le nom de presse patriote et indépendante. Premièrement, cette presse convient à un plus grand nombre de lecteurs. Tout ce qui est commun et plat est toujours d’un dé bit plus considérable. Il y a de très braves gens, excellons commerçans et modèles de pères de famille, qui ont la maladie fort innocente de faire de la république en amateurs, à huis-clos, et pour leur satisfaction personnelle. Ils s’attablent de temps en temps, mangeant de fort mauvais dtners. sous prétexte de politi que, portant des toasts contre le pouvoir, et se disant : citoyen, au lieu de monsieur. Cela les rend heureux! Que voulez-vous,chacun a sa manie. Beaucoup d'honnêtes gens ont celle-là, et ils envoient leurs toasts au National, qui ne manque pas de les imprimer. D’autres ont le'goût des guerres et des batailles; les histoires de l’empire les font frissonner; ils sont fiers d’être Français, en re gardant la colonne, et ils demandent l’abolition des traités de 1815 et l’invasion des capitales de l’étranger. Une troisième espèce a le malheur d’avoir appris très mal sa religion.de la savoir de même, d’avoir lu par là dessus quelque livre bien impie de Vol taire ou de Boulanger, sans avoir été en état d’en redresser les sophismes et d'en constater les mensonges, et elle bat des mains à toutes les insultes dont les idées religieuses et ceux qui les pro fessent peuvent être l’objet de la part des petits esprits forts et des athées. Une quatrième espèce a été élevée dans un esprit d’hostilité permanente au pouvoir, quel qu’il soit. Elle croit que les ministre^ emplissent leurs poches dans les caisses du Trésor; que le budget est distribué à des favoris; qu’il y a des bureaux ou verts où les écrivains et les députés vont se vendre,argent comp tant; que la France est livrée à l’étranger, et que le ministère est à genoux tantôt devant l’Angleterre, tantôt devant la Russie. Mais tout cela est bien bète, direz-vous ? c’est vrai; tout cela est fort bête; mais tout cela est dit et répété . chaque matin , de puis vingt-cinq ans, par les journaux; et le moyen que les esprits...