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Le Globe, 12 novembre 1841

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Le Globe
12 novembre 1841


Extrait du journal

PARIS, 11 NOVEMBRE. Le 0 de ce mois, au matin, la ville de Londres a appris qu'il venait de naître un fils à la reine, et un prince à l’Ançleterre. La vieille cité s’est émue de joie; la nouvelle, aussitôt répaudue dans les trois royaumes, par le télégraphe, a fait vibrer toutes ces âmes anglaises, amies de l’ordre et de leur royauté ; des prières publi ques ont été ordonnées, et nous sommes bien certains que per sonne n’y manquera de tous ceux qui pourront aller remercier Dieu du nouvel appui qu’il vient de donner à la monarchie. Voilà ce que nous aimons et ce que nous admirons dans cette nation anglaise, la première qui soit entrée en Europe dans la carrière de la liberté ; c’est un amour profond, sincère et immen se pour ses institutions. Il naît un enfant à la reine, et toute l’Angleterre s’émeut, parce que l’Angleterre aime la reine, qui est la clé de voûte de la constitution. Bien ne trouble cette joie de famille, étendue à tout un pays et partagée par tout un pe pie, ni un quolibet, ni une injure. En France, malheureux pays qui salit toutes choses, même les plus augustes et les plus saintes, cet événement aurait déjà fourni dix articles de dérision, d’insultes et do calomnies. La liberté de la presse est déjà vieille en Angleterre, et elle y est poussée aussi loin qu’en aucun autre pays; mais cette presse anglaise, dont la violence fait quelquefois honte même à la nôtre, ne s’attache jamais aux choses fondamentales qu’elle doitrespecter. Jamais un journal anglais n’insultera la royauté ou la reine ; jamais il n’abaissera son pays et n’humiliera son gouvernement aux yeux des autres peuples. Les Anglais ont une nationalité qu’ils aiment, qu’ils vantent, qu’ils exaltent jusqu’au fanatisme; nous au tres, nous n’avons ni royauté, ni roi, ni patrie qui échappe aux ou trages; nous avons la télé chaude et le cœur froid, c’est-à-dire ce qui fait l’esprit, mais non pas ce qui fait l’enthousiasme et la poé sie. * Le nouvel héritier présomptif du trône d’Angleterre est, par droit de naissance, duc de Cornouailles. En venant au monde il est émancipé en cette qualité, et le revenu affecté à ce titre, le quel est évalué à 350 mille francs par an, lui est immédiatement acquis. C’est dans quelques jours seulement qu’il sera fait prince de Galles et comte de Chester. Le prince de Galles est après sa mère le chef du royaume; il siégera à sa droite dans toutes les assemblées solennelles. La rei ne Victoria est la première des reines régnantes qui ait donné naissance à un prince de Galles. Par une coïncidence assez remarquable, le nouveau lord-mai re de Londres, l'alderman Piries, entrait en fonctions le jour même de l’accouchement delà reine, et seulement quelques heures avant cet heureux événement. On sait que la naissance d’un prince de Galle donne de plein droit au maire en fendions le titre de baro net. 11 est présumable que la reine réparera le préjudice que le hasard a fait au lord-maire sortant, Valderman Johnson, et qu’cllo en fera également un baronet....

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

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