Extrait du journal
VOYAGE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE Une dépêche de notre correspondant spécial a donné hier les principaux détails des dernières fêtes de Cherbourg. Il nous reste à publier le texte des discours men tionnés dans notre télégramme. Au banquet, de l’Hôtel de Ville, le maire de Cherbourg a porté le premier un toast au président de la République et s’est ex primé en ces termes : Au nom de !a ville de Cherbourg, je porte un toast à nos hôtes illustres, au président de la République, dont la présence au milieu de nous est un témoignage de confiance et d’estime ! au président du Sénat, à l’éminent économiste, à l’ancien collaborateur de Thiers ! au président de la Chambre des députés, le grand patriote qui jadis sauva l’honneur du pays et qui plus récemment lutta victorieusement pour scs liber tés. M. Grévy a répondu : Je remercie le maire de Cherbourg, dont j’ap précie infiniment 4e caractère, l’honorabilité et les précieuses qualités, de la réception si belle, si touchante et si chaleureuse qu’il nous a pré parée. Transmettez aux populations que vous repré sentez l’expression de nos sentiments de recon naissance. [Applaudissements.) *v M. Lenoël, sénateur de la Manche, a porté ensuite le toast suivant à la marine : Je crois répondre au sentiment de nos popu lations maritimes en remerciant le président de la République et MM. les présidents des deux Chambres d’avoir bien voulu visiter nos marins de la flotte, « ces chers enfants de mer », comme les appelait un des vôtres, messieurs les ami raux, à la tribune do l’Assemblée nationale, où il était notre collègue. L’armée navale n’est pas organisée, comme l’armée de terre, par corps et par régiment; elle n’a donc pu venir à la fête du 14 juillet recevoir les drapeaux que vous avez remis à nos soldats comme des témoins de leur bravoure, de leur fidélité au devoir et de leur dévouement à la patrie. Ils n’ont pu aller à vous, vous êtes venus à eux. Nous vous en remer cions. Ce témoignage de votre intérêt et de votre sollicitude leur était bien dû. Vous avez dit. monsieur le président de la République, dans ce noble langage dont vous avez le secret, que la nation donne à l’armée ce qu’elle a de plus cher et de plus précieux : sa jeunesse. Le marin, lui, donne sa vie tout entière à la patrie jusqu’à l’âge du déclin. Marié et père de famille, il quitte tout pour répondre à l’appel du pays, soit qu’il faille défendre pied à «pied le territoire comme nous l’avons vu dans la dernière guerre, soit qu’il faille faire respecter sur les mers l’honneur du pavillon. Le pavillon ! pour celui qui l’a vu flotter sur les mers lointaines, il est plus que le symbole, il est l’image même de la patrie absente Aussi ai-je entendu regretter qu’à la fête du 14 juillet, chaque vaisseau n’ait pas, comme chaque régi ment, reçu de vos mains le drapeau qu’il devait porter. Ce vœu ne pouvait être accompli. Le régiment, lui, ne meurt jamais. Les géné ralisas s’y succèdent, comme dans la vie, mais il subsiste toujours. Le vaisseau, au contraire, n’a qu’une existence limitée comme toutes les œuvres matérielles des hommes. Vous ne pouviez remettre un drapeau à qui n’est pas toujours vivant pour le défendre, et le vaisseau, s’appelât-il le Vengeur, s’engloutit et disparait ne laissant que son nom impérissable comme souvenir de sa gloire ; mais, lo pavillon, tant qu’ils peuvent le porter, nos vaisseaux ne l’amènent jamais et c’est aux cris de Vive la France ! Vive la République ! qu’ils savent tou jours le détendre. Après M. Lenoël, M. Léon Say s’est ex primé en ces termes : Je vous remercie des fermes élevés dans les quels vous avez apprécié la présence à Cherbourg des présidents des deux Chambres aux côtés de M. le président de la République. Vous avez raison. Nous sommes venus ici pour achever l’œuvre du 14 juillet. Nous, qui confondons dans un même senti ment l’année de terre et l’armée de mer, nous sommes venus saluer à Cherbourg le pavillon do la marine, comme nous avions salué à Paris les drapeaux de l’armée. J’ai lu tantôt sur l’inscription d’un des monu ments de votre ville que Napoléon avait rêvé de réaliser à Cherbourg les merveilles de l’Egypte. Nous, nous n’avons rien rêvé (applaudisse ments), nous n’avons pas cherché de modèle dans l’antique Egypte ; mais nous avons vu réa liser les merveilles de la France maritime. Ces merveilles vivantes parlent bien plus à nos cœurs que les merveilles mortes d’une Egypte imaginaire, car elles sont le gage de l’avenir puisqu’elles eu sont la sécurit •• (Ap plaudissements.) Vous représentez les habitants d’un département maritime qui nous est cher, vous êtes, Monsieur le Maire, à la tête d’une population dont le cœur bat à i’unisson du nôtre. C’est une population qui aime la France, la République et la nier ! la France qui lui douna le jour, la République qui lui donna la liberté, et lu mer qui, lui donnant l’espace, sollicite son génie d’entreprise et lui promet les richesses du monde. Les paroles de M. Léon Say ont été cou vertes d’applaudissements enthousiastes et la personne du président du Sénat a été l’objet d’une manifestation très signifi cative....
À propos
Fondé par Adolphe Coste en 1871, Le Globe était un journal républicain qui se donnait pour mission d’« instruire son lectorat », et de lui apprendre à tirer le meilleur de la nouvelle situation politique en France après l’Empire – souvent d’un point de vue économique. Ce journal ouvertement cynique sera publié jusqu'en 1938.
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