Extrait du journal
FRANCE. SUR LA NÉCESSITÉ DE RÉSOUDRE PROMPTEMENT LES QUESTIONS SOULEVÉES PAR L’INSURRECTION DE LYON. CAUSES DE LA CRISE ACTUELLE, ET MOYENS DE LA FAIRE CESSER. Jusqu’à ce que nos paroles aient été comprises et mises à profit, nous croirons devoir reproduire sans cesse et sous toutes les formes l’exposition des causes de lu irise actuelle et des moyens de la faire cesser. Trois ordres de faits concourent à rendre le salaire des ouvriers insuffisant pour leur existence : i° Des impôts indirects pèsent sur les objets de première néces sité, tels que le vin, le sel, le tabac, et en augmentent le prix. Des lois rendues en faveur des propriétaires fonciers, font obsta cle à ce que les céréales et les bestiaux étrangers puissent être im portés en France à des prix moins élevés que les céréales et les bestiaux français. Il en résulte, au détriment des ouvriers, un renchérissement du pain et de la viande. 2° A défaut d’institutions de crédit, les maîtres ne peuvent se pro curer des capitaux qu’à des taux très élevés. Ils ne peuvent dès lors soutenir la concurrence avec les nations chez lesquelles les capitaux sont à meilleur marché ; et ils se trou vent dans la nécessité d’abaisser le salaire des ouvriers pour pouvoir maintenir leurs produits à des prix au moins égaux à ceux des fabri ques étrangères. Cette abservation est surtout applicable aux fa bricants de soie. Plus la crise commerciale augmente d’intensité, plus le taux de l’escompte augmente ; et, par suite, plus le maître estjobligé de ré duire le salaire de l’ouvrier. 3* Les lois sur les faillites sont combinées de telle sorte que l’actif du failli est presque toujours absorbé par des frais de justice énor mes , et par des créanciers qui ont le privilège d’être payés de pré- j férence aux autres. Les formes de la procédure en matière civile sont si compliquées, et les moyens d’exécution sont si peu efficaces à l’égard des noncommerçants , que les commercants sont presque tous obligés de renoncer à demander en justice le paiement des fournitures qu’ils ont livrées, tandis qn’etix sont contraints de payer ce qu’ils doivent par des formes promptes, sévères et économiques. Cet état de 1a législation ouvre d’énormes chances de perte aux commerçants. Les commerçants sont dès lors obligés de calculer le salaire des ouvriers eu égard aux pertes qu’ils sont exposés à subir. Dans cette position ils fixent toujours ce salaire au plus bas. On sent bien que ce n’est pas par l’établissement arbitraire d’un tarif de salaires, que l’on peut améliorer le sort des ouvriers, mais bien par un ensemble de mesures législatives concourant toutes pa cifiquement à ce but. Voici en résumé ce qui pourrait être fait immédiatement : 1* Permettre l’introduction des blés et des bestiaux étrangers, pour en faire baisser le prix; et, pour que cette baisse ne porte pas sur les fermiers, leur donner le droit de stipuler de nouveaux prix dans leurs baux ou de délaisser les propriétés par eux louées ; 2* Supprimer les impôts qui pèsent sur les boissons, le sel et le tabac, pour mettre ces objets plus à la portée de l’ouvrier; 3® Remplacer ces impôts par quelques unes des combinaisons foncières suivantes : On pourrait supprimer les 87 millions de rentes formant la dota tion de la caisse d’amortissement, qui 11’a jamais rien amorti. L’Angleterre a reconnu depuis long-temps l’inutilité d’un fonds d’amortissement. On pourrait établir un impôt progressif sur les propriétés fon cières ; et, en attendant l’établissement de cet impôt, maintenir les 3o centimes qui ont été ajoutés en i85o à la contribution foncière. On pourrait établir un impôt progressif sur les successions, qui, sagement combiné, produirait plus de 100 millions. On pourrait abolir au profit de l’état les successions collatérales au-delà du sixième degré, c’est-à-dire celles existant au profit des arrière-petits-cousins ou deuxièmes arrière-grands-oncles. On pourrait mettre un impôt du dixième sur les loyers au-dessus de aoo fr. des citoyens non patenté», de manière à rétablir l’égalité proportionnelle entre les patentés et les non-patentés. Cet impôt produirait plus de 40 millions. On pourrait également imposer les dividendes distribués entre des associés commanditaires et les rentes sur l’état. 4* Pour hâter le moment de la reprise des travaux, voter promp tement la loi qui a été proposée pour faciliter les expropriations pour cause d’utilité publique. 5® Pour faire diminuer le taux do l’escoropte, faire une loi qui •ermetie à tout citoyen de fonder des banques en concurrence avec a banque ds France, en se conformant à certaines mesures de ga rantie. 6° Consacrer une partie du produit des impôts ci-dessus à fonder <)ue banque nationale qui donnerait du crédit aux banques particu lières, et pourrait supporter de temps en temps les pertes que pour raient lui faire subir ces banques....
À propos
Fondé en 1824 par Pierre Leroux (1797-1871) et Paul-François Dubois (1793-1874), Le Globe a traversé plusieurs phases très distinctes : de publication strictement littéraire, la rédaction – regroupant plusieurs universitaires – s’est peu à peu intéressé à la politique et à l’économie, via le saint-simonisme.
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