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Le Globe, 15 novembre 1827

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Le Globe
15 novembre 1827


Extrait du journal

FRANCE. ACADÉMIE FRANÇAISE. RÉCEPTION DE M. ROYER-COLLA11D. Au milieu de la grande crise politique qui va décider, non pas, comme on le dit, des destinées de la France, mais des destinées du pouvoir, une réception académique aurait trop peu d’importance pour que les lettres ellesmêmes y prissent intérêt, si les sentiments nationaux et l’énergie de l’opinion ne trouvaient pas là , comme par tout ailleurs, une occasion de se manifester , et de faire entendre de solennels et salutaires avertissements. L’A cadémie française, en choisissant à l'unanimité M. RoyerCollard, avait proclamé, il y a six mois, son opposition; en le recevant aujourd’hui, quand les départements se disputent l’honneur de l’avoir pour représentant, elle s’as socie de nouveau à tous les efforts du pays; et ce n’est pas non plus une circonstance indifférente que l’orateur le plus vénéré des communes soit reçu par l’un des plus gra ves et des plus vertueux orateurs de la chambre haute. Je ne sais si je me trompe sur le caractère de cette séance mémorable, et si le souci des jours qui vont suivre ne se mêle pas involontairement aux sentiments qu’elle inspire; mais elle cmeut profondément quand on en rassemble par la réflexion toutes les circonstances. On dirait que c’est comme un dernier avis de la sagesse et du savoir, comme la dernière protestation de tous les talents. En effet, de tant d’écrivains qui, il y a douze ans, apportèrent a la restauration la gloire et le crédit de leur nom, il n* lui eu reste plus un seul. Je me trompe, i! en reste un; mais tombé dans l’enfance, mais retenu par la seule cupidité et par les liens d’associations jésuitiques. 1 ous les autres se sont retirés, et le pouvoir maintenant est abandonné à lui seul. Le voilà avec sa vieillesse, ses ignorances, et sa peur; seul eu présence de la jeunesse, du génie, et de la force. Si l’on n’avait que de la haine, on se féliciterait d’un tel résultat; mais h l’idée que désormais aucun bon conseil no sera donné, et que la lutte peut-être va deve nir enfin inévitable, le pressentiment des maux et des violences qu elle peut amener, le regret de tant de jours qui vont se perdre dans des débats funestes, au lieu de profiter en paix à l’humanité, la crainte de voir encore les amis de la liberté égarés par la colère, tout serre le coeur, et l’on ne peut s’empêcher de trembler. On se sent ému malgré soi de cette terreur religieuse de la victoire et de cette pitié pour des ennemis insensés qui ranimait à scs...

À propos

Fondé en 1824 par Pierre Leroux (1797-1871) et Paul-François Dubois (1793-1874), Le Globe a traversé plusieurs phases très distinctes : de publication strictement littéraire, la rédaction – regroupant plusieurs universitaires – s’est peu à peu intéressé à la politique et à l’économie, via le saint-simonisme.

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Données de classification
  • royer-collard
  • alexandre
  • dam
  • france
  • strasbourg
  • allemagne
  • oxford