Extrait du journal
que. Embarrassée par les réclamations, les exigences de tous les partis, elle consume son activité dans l’anarchie. Le prêtre du passé, dont les temples déserts tombent en rui nes, garde le silence, ne connaissant plus la voie nouvelle que nous devons parcourir. Nous seuls pouvons élever la voix au milieu du décourage ment et du désordre ; nous seuls, levant le voile qui couvre le corps social, pouvons envisager avec calme les plaies qui le dévorent, et indiquer le remède qui doit le guérir. Oui, grâce à la loi religieuse apportée à l’humanité par Saint-Simon , tous les sentiments des hommes, tous leurs besoins, seront satisfaits. Far cette loi le passe se justifie, le présent s’explique, l’ave nir se déroule à nos yeux. Que les riches sachent bien que la garantie de leur sécurité, de leur bonheur, repose sur le bien-être des pauvres ; que les pauvres sentent à leur tour que les troubles et les violences n’a mélioreront point leur sort. Troubler la société, menacer la la propriété, les personnes, c’est anéantir les opérations indus trielles, le crédit ; c’est compromettre la prospérité de tous. Un système d association largement conçu peut seul faire ces ser la crise actuelle. Le pur intérêt ne doit plus servir de lien entre les associés. L’impuissance de ces associations est constatée au-delà des mers, malgré le talent et la persévérance de celui qui les a créées. Les industriels, soit qu’ils dirigent ou qu’ils exécutent, les fa bricants , les ouvriers, les agriculteurs, les journaliers, coordon neront leur action , dirigeront tous leurs efforts vers un but gé néral. Ils se considéreront tous comme des fonctionnaires d’or dres divers accomplissant une œuvre sociale, religieuse. Ils se ront tous solidaires dans leurs actes. La richesse et le bonheur ne doivent plus être le partage de quelques uns. Qui n’aperçoit déjà les immenses économies dont ces associa tions seront susceptibles ? Qui ne voit combien, sans beaucoup de frais, il sera facile de donner aux travailleurs une nourriture plus saine, des maisons et des ateliers plus spacieux et plus com modes , des habillements plus propres et plus convenables? Fabricants et ouvriers de Lyon , réjouissez-vous; votre tarif reposant sur le travail de chacun cl sur le revenu général, ne vous exposera plus à la guerre civile. Ce tarif n’exprimera pas seulement un chétif salaire, il sera aussi la mesure de votre bon heur. Flus vous serez unis , p'us vins vous aimerez, et plus vous travaillerez avec zèle ; mais alors aussi, plus vous produirez et plus vous aurez de profils. Oui, 1’a mou r doit être le lien nouveau qui unira les supérieurs aux inférieurs, les pères aux fils. Dans votre hiérarchie , le plus aimant sera aussi, n’en doutez pas, le plus puissant à élever les faibles, à les moraliser et à les encourager au travail. Ce sera cet amour qui excitera les premiers associés à la conversion des fa bricants et des ouvriers écrasés par la concurrence, et calmera leur exaspération en leur faisant tendre une main fraternelle. Ainsi par nous 1 émeute et les révoltés deviennent désormais impossibles. Le travailleur Saint-Sinionieii supportera avec câline 1 égoïsme du riche , 1 âpreté du pauvre, les sarcasmes de tous ; car il sera persuadé qu’avec la douceur et la persévérance il parviendra à détruire leur défiance et leurs préventions. C’est alors aussi qu’il comprendra tout notre dévouement, et il nous aimera tous les jours davantage. Il verra que notre puissance provient de notre foi dans un Dieu qui ne réprouve personne, le Dieu vivant qui veut être aime dans ses manifestatâtions spirituelles ou matérielles , dans sa sagesse et dans sa beauté. Oui, assez long-temps l’anathème a frappé la matière , il est temps que l’industriel, cet être long-tems courbé à la peine, re lève la tête et soit environné d’une auréole de gloire. La chair ne doit plus être flétrie dans l’abaissement de la femme. Le jour de la justice est arrivé pour tous. Et maintenant que notre œuvre vous est connue , venez à nous , vous tous qui avez le cœur généreux. Notre voix s’adresse à toutes les classes, à ceux qui possèdent et à ceux qui ne possè dent pas. Nous appelons tous ceux qui, par leur intelligence ou leur activité, leur science ou leurs richesses, peuvent contribuer à l’édification du temple nouveau , à la formation de la société nouvelle des travailleurs. Venez à nous surtout, hommes qui aimez la pompe et l’éclat, qu’enthousiasment la beauté du monde, les merveilles de l’indus trie ; et vous à qui la misère de la classe la plus pauvre et la pius nombreuse fait verser des larmes, vous avez le peuple à poé tiser. Nous vous appelons aussi, femmes. Dans tout le passé votre sort a été lié au sort de la classe la plus nombreuse : votre hum ble subordination a été la compagne de l’esclavage et du servage. Les prolétaires malheureux sont à la veille de leur affranchisse ment ; méritez à votre tour d’obtenir votre liberté. Far SaintSimon vous êtes proclamées les égales de l’homme dans le tem...
À propos
Fondé en 1824 par Pierre Leroux (1797-1871) et Paul-François Dubois (1793-1874), Le Globe a traversé plusieurs phases très distinctes : de publication strictement littéraire, la rédaction – regroupant plusieurs universitaires – s’est peu à peu intéressé à la politique et à l’économie, via le saint-simonisme.
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