Extrait du journal

La manie de la légalité a porté malheur au ministère dans l’af faire du.maréchal Ney : il n’y a vu qu’une discussion mesquine d’ordre légal, et se mettant à feuilleter le recueil de toutes les lois, il a trouvé une fin de non-recevoir dans le code de procé dure criminelle. Tout en reconnaissant l’injustice de la sentence portée, il s’est cru obligé de dire que cette sentence devait être maintenue ; et pour donner plus de force à ses arguments, il s’est servi de celte étrange considération que ce serait ouvrir la voie à une foule de réclamations de même genre, et que des récla mations de celte nature ne prendraient pas de fin ; ce qui n’est rien moins que concluant ; car il ne s’agit pas de savoir en ce mo ment si la multiplicité des demandes de révision donnera lieu à des abus, mais de savoir si ces demandes seraient justes ou non. Nous ne concevons pas que les hommes puissent établir des peines éternelles alors qu'on ne croit plus à la durée sans fin de celles de l’enfer des chrétiens. Qu’est-ce donc, grand Dieu, qu’une législation qui ne sait pas pardonner au repentir et aux progrès d’un coupable , et qui même sc refuse à laver la mémoi re <1 un innocent! Voyez donc ce qui se passait alors que la so ciété était religieuse. Quand un homme avait subi une peine, ou que sa faute était expiec par les douleurs et dans les larmes, cet homme sc représentait de nouveau à la société absous et lavé de ses fautes. Il n’y avait plus sur lui de place pour la honte , car il était réhabilité. Eli bien! depuis que Dieu a été détrôné par la loi , la réhabilitation n’existe pas, la loi inflexible et brutale ne sait ce que signifie l’amélioration d’un criminel. Elle sait tuer, elle ne sait ni pardonner ni améliorer. C’est contre ce principe de flétrissure perpétuelle qui est in scrit dans la légalité et qui a arrêté un pouvoir timide , que les libéraux, à propos du maréchal Ney, ont fait entendre des récla...