Extrait du journal
FRANCE. PHILOSOPHIE. De r/tistoire de la philosophie en France au dix-neuvième siècle. ( xe article — M. de Bonald. ) En plaçant dans la même école MM. de Maistre, de La mennais et de Ronald, nous n’avons pas voulu dire qu’ily eût entre eux identité expresse de principes : ce ne serait pas la vérité. Animés du même esprit, ils se proposent, comme objet commun de leurs travaux, la défense et la restauration des doctrines de l’église; mais, du reste, chacun a son point de vue et son système. Ainsi, on ne doit pas s’attendre ù retrouver dans M. de Ronald les mêmes opinions que dans les deux autres ; ils ont tous trois des idées qui leur sont propres, tous trois ils sont maîtres à leur manière dans l’é cole dont ils sont les chefs. Quelque étude que l’on ait faite de M. de Ronald, il est douteux que l’on n’éprouve pas toujours quelque embarras à le comprendre. La faute en est, ce me semble, d’abord à son style : il écrit, on ne peut pas dire trop bien, mais avec une habileté trop visible; il y a trop d’art dans son expression, cela trompe et donne le change. On voudrait en vain , en le lisant, se borner à saisir sa pensée, on ne peut s’empêcher de regarder la phrase, cette phrase si savante et d’un mécanisme si curieux ; on se prend aux mots, on suit à la trace cette plume ingénieuse et brillante dont on aime à ne perdre aucuns traits ; et on néglige les idées, on oublie les raisonnements, on ne lit plus en philosophe mais en rhéteur. L’auteur lui-même ne serait-il pas la dupe de son propre artifice? et tout occupé à écrire, ne lui arriverait-il pas aussi de laisser les choses pour les mots, de dire par plaisir, avec lu seule précaution d é biter les termes contradictoires et absurdes, de faire en un mot comme un peintre qui prodiguerait à l’envi les effets de son art, sans songer s’ils conviennent à la pure expression de la vérité. Une autre cause de l’obscurité qu’on lui reproche, c’est le ton qu’il prend avec scs lecteurs ; il les traite de trop haut; il ne se communique à eux qu’avec une sorte de réserve chagrine et superbe, qui les choque ou leur impose, mais ne les persuade pas. Pour s’ouvrir leur cœur, pour y faire pénétrer ses idées, il faudrait qu’il pût se mettre avec eux dans un commerce plus intime et plus simple ; mais il n a pas dans l’esprit assez de facilité et de souplesse, de cha leur et d abandon : aussi n’excite-t-il de sympathie pour ses...
À propos
Fondé en 1824 par Pierre Leroux (1797-1871) et Paul-François Dubois (1793-1874), Le Globe a traversé plusieurs phases très distinctes : de publication strictement littéraire, la rédaction – regroupant plusieurs universitaires – s’est peu à peu intéressé à la politique et à l’économie, via le saint-simonisme.
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