Extrait du journal

d’autres matières, et de formules irritantes et agressives au calme et impartial langage dont l’enseignement public ne devrait ja mais se départir. Nous avons montré combien il était affligeant de voir une fausse et bruyante philantropie, se prélassant dans les douceurs d’une sécurité et d'un bien être parfaits, poursuivre avec une impatience et un acharnement sans exemple nos soldats qui combattent si glorieusement sur la terre d’Afrique; et cela sans attendre la justification de ceux que l'on attaque. On se laisse emporter par une fausse magnanimité, et, dans la chaleur d’une générosité irréfléchie, on va accumuler les accusations les plus odieuses sur ces braves que tant de travaux et de hauts faits si gnalent à la reconnaissance du pays. Ainsi, sans pudeur pour l’armée française, sans respect pour des soldats ahsens, sans crainte de donner des armes aux Arabes contre la bravoure et l’humanité de nos troupes, sans reculer de vant le discrédit dans lequel vous jetiez par ces accusations, aux veux de l’Europe, du monde entier, le pays d’où sortent ces sol dats, ces généraux, vous imprimez que nos officiers exhument l’inquisition d’horrible et sanglante mémoire, et que nos soldats se transforment en brûleurs. Et les brûleurs, pour le peuple, qui est allé voir leurs exploits au théâtre des boulevards, sont des bandits, des scélérats. Ah 1 si vous dédaignez de vous occuper des senti mens de la France, si vous ne laites aucun cas de l’opinion de l’Europe, du moins, arrêtez-vous en songeant au désespoir que vous allez faire naître dans cette brave et généreuse armée, qui consolide par ses armes et ses travaux la conquête d’une terre barbare, et qui trop longtemps effraya les mers de ses rapines et de ses meur tres. Songez que pour ces soldats, vos concitoyens, vos fils, vos frè res, il existe une seule et magnifique récompense. Les yeux tournés vers la France, s’ils énumèrent leurs privations, leurs blessures, leurs camarades ensevelis dans les solitudes brûlantes et pour ainsi dire perdues, ils se disent : Du moins, là bas, ils sont contons de nous; ils applaudissent à nos luttes, et ils sa vent que, vainqueurs ou vaincus, l’honneur est toujours sauf dans nos rangs. Et cette justice qu’on nous rend, nous paie avec usure de nos labeurs, de nos blessures et de nos victoires. Certes , nous ne voulons pas étouffer la voix de l’humanité ; certes, nous plaidons en faveur de l’équité; mais ce que nous ne voulons pas, c’est que, par un faux semblant de générosité, on change des soldats français en bourreaux et en sauvages. Toutes ces belles démonstrations sont d’une fausse vertu, d’un patriotisme de mauvais a loi. N’accusez pas si légèrement, vous spectateurs oisifs d’une lutte héroïque, n’accusez pas ceux que vous serez forcés d’admirer demain ; car, malgré vos préventions politiques, ce sont les chefs que vous poursuivez dans les subordonnés. Vous ne saurez pas résister aux élans gé néreux que font naître les belles actions, et ces hommes que vous signalez comme des brûleurs, ce sont ceux que, l’année passée, vous avez salués du titre de braves. Vous les signaliez à la recon naissance publique : C'étaient les vainqueurs de la bataille d'Isly ! Les journaux de Madrid, et Tiempo, el Globo et el Castellano, se sont prononcés, ainsi que le Heraldo l’avait fait la veille, en faveur du prince don Enrique, comme prétendant à la main de la reine Isabelle. Cet accord des principales feuilles du parti conservateur a causé une assez vive sensation parmi les hommes politiques, qui ne paraissent point, du reste, contraires à la can didature du second fils du prince don François de Paule....