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Le Globe, 19 juillet 1845

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Le Globe
19 juillet 1845


Extrait du journal

Parie, 18 Juillet. La chambre des pairs a adopté aujourd’hui, après une courte discussion, les projets de loi relatifs à l’abrogation de l’art. 3 de la loi du il juin « ia.projet de Ipi sur le chemin de fer de Tours à Nantes, et de Paris a Strasbourg ; le projet de loi ten dant à la création du bassin à flot à Saint-Nazaire ; et enfin le projet de loi relatif au budget des recettes pour 1816. Ce projet de loi était le dernier qui se trouvât inscrit sur l’or dre du jour de la chambre. La session se trouve donc clôse de fait. L’ordonnance de clôture sera vraisemblablement commu niquée lundi prochain aux deux chambres, en séance publique. mtms Nous demandons bien pardon à nos lecteurs de mettre sous leurs yeux les ordures que voici. Elles sont textuellement ra massées dans les colonnes du Courrier français, qui en a quel ques brouettées de la môme nature. Nous ne savons pas com ment on écrit quand on est ivre ou fou, mais ce doit être à peu près dans ce go û l-l à : Le ministère des chauffeurs. «. C'est le titre que le *29 octobre mérite depuis la séance d'hier, où te vieux maréchal Soult a déshonoré ses cheveux blancs en se faisant l’apologiste de l’événement du Dahra, sous l'inspiration de M. Guizot, cet apôtre de la paix partout et toujours, qui réprouve dans la guerre les jeter de la force et du hasard, mais qui approuve sans sourciller le supplice du feu transporté dans les opérations d’une campagne ! <( A quelle époque de torpeur morale et de dégradation intellectuelle vivons-nous, qu’en France un conseil de ministres, délibérant d’un fait aussi monstrueux, sous la présidence de l’historien de la civilisation, prononce un verdict d’acquittement et ose le jeter en défi à l’opinion publique? Le pays et l’armée accepteront-ils la justification inventée par un sophiste sans entrailles, balbutiée par un vieux soldai sans vergo gne, qui, docile à son pédagogue, la tète basse et les lèvres pendantes, a laissé tomber à la tribune l'excuse infâme d’un sacrifice à Moloch re nouvelé sur la terre africaine par des Français du dix-neuvième siècle ? Non, il n’en sera point ainsi, ou nous déclarons que la guerre de l’Algé rie est en dehors de toutes les lois des nations civilisées, en dehors même de fHONNEUR. « A jouer sa vie contre celle de l’ennemi, il y a danger, courage, honneur ; à acculer des Arabes dans une caverne et à y enfourner des fagots pour les y rôtir, il n’y a qu’atrocité, c'est de la cuisine humaine en grand, rien de plus ! Dans cette affaire sans nom, c'est du côté des Arabes que se trouve l'héroïsme; ils ont été des martyrs, nous n'avons été que des bourreaux! « Eh! mon Dieu! qu’importe au ministère un acte abominable qui n'influence pas le cours de la Bourse? On a brûlé 800 Arabes, c'est un petit malheur, qui ça intéresse-t-il en France? Ah! si le 29 octobre se croyait le gardien ûe l’honneur du nom français, il s’inquiéterait d’un acte qui souille le caractère national en Europe et le rend odieux en Afrique ! On se soumet, dites-vous ; oui, mais en détestant, mais en attendant l’occasion de se soulever et d’exercer d’horribles représailles peut-être. « Insensés, si vous croyez que la terreur suffit à dompter les popula tions sur lesquelles nous avons à établir notre autorité I 11 y a quinze ans que vous travaillez avec le fer ; vous venez d’y ajouter le feu. Al lez, et vous vous convaincrez que l’on ne pacifie que par les œuvres de la paix. Mais vous prêchez la paix et vous êtes encore des hommes de guerre et de sang ; vous êtes jusque dans la moelle de vos'os les fils des assassins de la Saint-Barthélemy, des massacreurs de septembre et des pourvoyeurs de la guillotine de 93 ! Si nous connaissions quelque chose de plus ordurier et de plus extravagant, nous ne citerions pas ce passage; mais les li mites de la folie, en matière de journalisme, nous semblent pro digieusement reculées par cet article, et c’est pour cela que nous avons surfnonté les nausées qu’il donne en le lisant....

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

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