Extrait du journal

Ici nous sommes en présence d’un dif ficile problème : si la Porto s’obstine dans sa politique dilatoire, par quels moyens les puissances parviendront-elles à y mettre fin ? faudra-t-il en venir à une action coercitive ? A coup sûr on doit s’attendre à voir le Divan de Constantinople pousser jus qu’aux dernières limites sa résistance aux injonctions des ambassadeurs, à la pression diplomatique de l’Europe. A cet égard aucun doute n’est possible. La Porte no cédera que contrainte et forcée. Nous sommes loin, toutefois, de parta ger l’opinion pessimiste de ceux qui di sent aujourd’hui que les puissances ne parviendront à faire prévaloir leurs ré solutions que par une action militaire. Si obstiné et si aveugle qu’on puisse être à Constantinople, ou cédera le jour où l’on y aura la certitude absolue que l’entente des grands gouvernements n’est pas une vaine apparence, et que les déci sions de la Conférence de Berlin 110 sont point des paroles eu l’air, mais qu’au contraire l’Europe est résolue à tenir fermement la main à leur exécution. Quelques-uns agitent déjà la question de savoir si la France devrait ou ne de vrait pas engager sou drapeau dans une entreprise militaire. Nous n’en sommes pas là, et un pareil problème nous semble prématurément soulevé. Il no s’agit point ici d’un intérêt français, mais d’une affaire internationale, européenne. Dès lors, ce qu'il conviendra défaire ou de ne pas faire devra être l'objet d’un débat européen. Et nous sommes convaincus pour notre part que la gestion de la chose publique est confiée à des mains trop prudentes.pour que le gouvernement s’engageât à la légère dans une entre prise quelconque au delà de ce qui lui serait imposé par l’intérêt national, par l’honneur et la dignité du pays....