Extrait du journal

LES MASQUES La France se recommandait par sa gaieté,par son bon sens et sa bonne grâce, par l’équilibre de ses vertus moyennes. 1/esprit de la France était au plus haut degré l’esprit pratique ; pratique dans les lettres et dans les arts, par les dons de clarté, de simplicité et d’amabilité qui lui étaient propres ; pratique aussi dans les domaines de la politique et des af faires par sa modération, sa prudence, par l’antipathie naturelle qu’elle res sentait pour les tempéraments exces sifs et pour les solutions radicales. Rien de trop : Nil nïmis, comme di saient les anciens, c’était la devise de la France. Rien de trop en littérature, en éloquence, en politique, en plaisirs, rien de trop, même en vertus. Une langue facile et alerte, exprimant sans emphase les sentiments le^ plus naturels du coeur de l'homme et les idées générales de la raison universelle : c’cst par là que brillait l’esprit de notre pays et qu’il sut se faire aimer de l’Europe et du monde. Il imposait doucement aux mures peuples un joug qui ne se sentait point et il leur dictait des règles de goût qui étaient si simples et si raisonnables que chacun, en les suivant, croyait suivre sa propre nature. L’esprit de conquête fut chez lui une importation étrangère, un vin vio lent et enflammé que lui versèrent des princes venus du dehors, dont il s’enivra d’autant plus aisément que sa tête et son cœur n’étaient point faits à ces breuva ges orgiaques. La France est guerrière ; elle n’est point belliqueuse. La différence est im...