Extrait du journal
gauche : Très bien.) Maintenant, d’un autre côté, j’ai plusieurs idées, plusieurs convictions qui me sont communes avec cette partie de la chambre (l’orateur se tourne ici vers vers la gauche), avec l’opposition. (Aux extrémités : Très bien.) Eh bien ! je viens aujourd'hui soutenir le projet de loi qui a été pré senté par le gouvernement (exclamations à gauche) et combattre l’oppo sition. (Les exclamations de la gauche redoublent. Hilarité au centre). MM. Odilon Barrot, Arago, Ledru-Rollin s’agitent sur leurs bancs. vi. tiiiers, continuant. — Je conçois que tout le monde ne partage point I opinion que je vais émettre ; mais je crois devoir cependant proclamer hautement, loyalement, les sentimens qui m’animent. (Au centre : Très bien ! très bien !) Pour moi, comme je suis profondément monarchique, je crois devoir consacrer tous mes efforts à maintenir la force de notre monarchie et à I augmenter. (Interruptions prolongées aux extrémités.) vi. thiers, continuant.—llappelez-vous que certains hommes m’ont re proché , ce que je ne me reprocherai jamais, d’avoir voté pour l’hérédité de la pairie. Je parlais dans un temps où il était diff icile, je ne dirai pas péril leux,de ledaire, car l’ordre était maintenu dans les rues par un ministre puis sant; j'ai parlé pour l’hérédité de la pairie : cela doit vous dire à quel point je suis monarchique dans mes convictions. Quand je vois cet intérêt de la monarchie clair et distinct, j’y marche droit, quoi qu'il arrive, fussé-je seul, entendez-vous? (Très bien! très-bien!) On parle des intérêts de pouvoir ; qu’il me soit permis de le dire, ce sont des hommes qui ne l’ont pas traversé qui peuvent croire que, dans de grandes situations, un homme de gouvernement qui a été au pouvoir peut être sensible à cet intérêt plutôt qu'à cet autre intérêt plus grand, et les hommes à esprit élevé doivent me comprendre, plutôt qu’à cet autre inté rêt si grand, je veux parler du plaisir profond de céder à sa propre pen sée, de dire ce qu'il pense, tantôt en présence du pouvoir, tantôt en pré sence des partis, tantôt en présence de ses amis. (Approbation au centre.) Tous les esprits élevés, sincères, me comprendront : le plus grand des plai sirs humains, c’est de satisfaire sa propre pensée, c’est de dire ce qu’on pense, c’est de le dire devant tout le monde ; s’il y a quelque difficulté, quelque péril, j'ose le dire, le plaisir est encore plus grand pour ceux qui sentent comme moi. (Très bien ! très bien !) Dans celte question, je n’ai pas hésité un instant, pas un seul instant ; cependant mes amis, ceux avec lesquels j’avais l’habitude de me concerter, étaient loin (le moi. Nous n’avons pas un prince de Galles, entendez-vous ; il n’y a pas de prince (le Galles dans ce pays. Je sais bien que vous avez désavoue l’allu sion, je crois que votre intention n’y était pas ; mais les allusions qu’on est exposé à désavouer, il ne faut pas les faire. (Très bien ! très bien !) Il n’y a pas de prince de Galles dans un pays où le pouvoir n’a pas été longtemps suspendu devant les yeux de ceux qu’il pouvait tenter ; il n’v a pas de prince de Galles dans un pays où im prince puissant gouverne puis samment, où il y a soumission et union, tout le monde le sent ; il n’y a pas de prince de Galles ; s’il y en avait, il y aurait peut-être une popularité dan gereuse ; mais il n’y en a pas. Mes amis et moi, quoique séparés, isolés les uns des autres, nous avons an même instant pensé à la même chose, nous nous sommes écrit la même chose sans avoir communiqué avec personne. Cette chose, la voici : C’est que, quelle que fût la loi, pourvu qu'elle fût conforme à la charte, à son esprit, quelle que fût la loi, qu’elle lût conforme ou non à nos impres sions personnelles, à nos instincts , je ne dirai pas à nos intérêts , il n’y en a pas encore de ce genre engagé dans la question, quel le que fût la loi, nous la voterions sans modification, sans amendement ; mais à une condition, entendez-vous? c’est qu’elle fût conforme à la charte. Pourquoi ? En voici les motifs. Pour les hommes de l'opposition qui veu lent conserver, et je suis convaincu que dans cette chambre il n'y a que des hommes de l’opposition qui veulent conserver (mouvement), améliorer, modifier, détourner le pouvoir dans une direction ou dans une autre, se lon ses sincères convictions, il n’y a plus (le ministère devant nous, il n'y a que la monarchie. Nous n’avons pas hésité sur ce point. Tous nous nous sommes dit que, quelle que fût la loi. je le répète, pourvu qu’elle fût conforme à la charte, ii fallait la voter. Pour moi, messieurs, je l’avoue, je n’ai pas fait d'intri gues, car il n’v a pas d’intrigues quand on ne sert pas d’intérêts person nels ou qu'on ne sert que sa conviction la plus profonde, la moins contes tée par des adversaires sincères ; car dans le parti qui n’admet pas nos institutions, qui en veut d’autres de plus avancées, il y a des hommes qui m'ont connu jeune, et qui savent que, lorsqu'on 1830, j’étais à me pro noncer entre la monarchie et la république, tous mes instincts, toute ma nature m’éloignaient de l'une de ces formes et me jetaient vers I autre. Pour moi, c’est là l'intérêt qui m’a décidé, et qui, dans une position aussi difficile que la mienne, m’a fait une conscience tranquille et m’a fait porter un front liant. Malgré les calomnies (pie je connais, malgré les calomnies qui m'ont as sailli hier et qui m'assailleront demain, je méprise, je mépriserai toujours cvs calomnies, de quelque côté qu'elles viennent. (Au centre : Très bien !) La plus douce jouissance (pie j’aie recueillie, dans ma vie déjà expérimen tée, à travers les douleurs du pouvoir et les déboires de l'opposition, celle après laquelle j’ai toujours aspiré, c’est de satisfaire ma pensée, de ne rou gir devant personne et de pouvoir expliquer tous mes actes. (Très bien !) Eli bien ! messieurs, parce qu’un instant, sous la parole d'un homme que j'ai appelé, que j'appelle encore mon ami, parole éloquente, sincère, cer taines conviclions ont flotté hier, certaines conduites ont changé, quoi 1 j’i rais disserter ce qui m'a paru une conduite sage, politique, honorable, bien calculée dans l’intérêt de l’opposition elle-même; j’irais changer cette conduite sous une parole éloquente, que je respecte ! Non. Eusse-je seul, je persiste à soutenir la loi telle quelle, sans modification, sans amende ment. (Adhésion au centre, exclamations à gauche.) Messieurs, je vais brièvement résumer les idées que je me suis faites sur ce sujet, pour arriver à la question politique, à la situation actuelle. Je dois dire quelques mots sur la loi; je serai bref. Je ne veux pas faire un discours aujourd’hui, je veux faire un acte. (Très bien! très bien!) Messieurs, je me suis demandé, en présence de la situation, quelque parti qui fût au pouvoir, entendez-vous? ce qu'il aurait fait. Ne nous mettons pas dans l'impossible; entendons-nous dans la réalité. La charte n’a pas dit quel était l’àge de la majorité du roi; elle n a pas dit, dans le cas de minorité, quel serait h1 prince qui exercerait la régence. Cela est malheureux. Si c'est par prévoyance, on a eu tort ; si c’est par oubli, les circonstances l’expliquent et l’excusent ; mais ce n est pas moins un fait. II est év ident que ces deux articles, qui doivent fixer 1 Age de la majorité du roi, et désigner le régent qui, pendant la minorité, doit exercer le pouvoir royal, sont nécessaires, pour que ce pouvoir n'éprouve point d'interrup tion. Mais la charte n'en dit rien. Que voulez-vous faire ? Voulez-vous pé rir ? Voulez-vous marcher ? Vous devez taire alors ce que toute société fait. Qu’on me cite, dans quelque temps que ce soit, une société qui se soit arrêtée devant une science plus ou moins vraie qui l’aurait laissée périr. Non! C’est devant des hommes positifs, raisonnables, qu'une telle question trouve sa solution. Quand la nécessité est là, en l’absence d’une disposition de la charte, quand la charte n'a pas dit une chose qu’il importait de dire, il faut le dire, il faut le faire par une loi. Il n’y a que les hommes qui fveu lent qu’un gouvernement périsse qui puissent contester évite vérité. (Très-...
À propos
Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.
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