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Le Globe, 21 mars 1845

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Le Globe
21 mars 1845


Extrait du journal

comme si nous étions des moines ou autre chose de semblable ; co n’est pas bien : d’autant plus que deux avis valent mieux qu’un, àplus forte raison six. On sait raisonner dans l’occasion, quoiqu’on en ait pas une très grande habitude, et prêter l’épaule et la main à un ami aussi bien pour faire la courtc-échelle à un balcon que pour le tirer d’un mau vais pas. — Je le sais, dit Albert, je sais que vous seriez |à moi de tout cœur, comme moi je serais à vous; et si j’avais besoin d’aide et de dévoûment, ce serait à vous que je m’adresserais, soyez -en certains. Mais il y a des secrets dont on est pas le màitre, et dont il faut souffrir seul, car vous devez voir que je souffre, n’est-ce pas ? — Oh ! quelles cruelles heures j’ai passées chez don Leyva Maldonado ! — J’en suis épuisé. — Vous êtes amoureux de sa fille; c’est facile à voir. — Amoureux.... moi.... oui.... balbutia le jeune homme, mais cela n’est rien. — Ma foi, les Espagnoles sont vives, enthousiastes, passionnées; celle-là n’a pas l’air de vous regarder d’un mauvais œil : l’épouser se rait un beau coup de dés. — L’épouser !... Oh ! mes amis, ne parlez pas de cela. Et Albert se prit le front, dans les deux mains. Les trois amis liront le reste de la route silencieusement. Quand ils arrivèrent à leur hôtel, le domestique qui les attendait remit un papier cacheté à Albert. — Ce papier vous a été remis depuis mon départ ? dit il au valet dol’hôtel. — Il n’y a pas cinq minutes, monsieur, et je m’étonne que vous n’ayez pas rencontré sur votre chemin celui qui l’a apporté. ", — C’est sans doute, reprit Frejenal, cet homme que nous avons aper çu tourner tout à l’heure vers cette petite rue sombre. Albert prit la lettre et l’ouvrit précipitamment. 11 n’y avait que quel ques lignes écrites à la hâte au crayon. Ce qui se passa sur le visage d’Albert est impossible à rendre.—Il s’était penché, pour lire, vers la lumière que tenait le domestique; il se releva, et froissant violemment la lettre dans ses deux mains : — Ali ! c’est une infamie ! s’écria-t-il d’une voix sourde. Et il s’élança dans l’escalier. Scs deux compagnons coururent après lui, et l’atteignirent au moment où il allait entrer dans la chambre de M .Bernardin, qui précédait la sienne. — Albert, lui diêcnt-ils. vous êtes pâle, hors do vous, qu’y a-t-il donc? — U y a..., il y a..., dit Albert d’une voix frémissante en se frap pant la iètede ses poings fermés, il y a... que... je deviendrai fou. — Il pourrait bien se dispenser d’employer le futur, dit Frejenal à Itieuessee, dès qu’ils furent seuls tous deux; je crois que c’est une chose faite. V. Voici ce qu’il y avait dans ce billet, dont la lecture avait si cruelle ment bouleversé le jeune marquis de Yillefranchc : Ne vous occupez pas dos quinze mille francs que vous venez de per dre. — Au moment ou vous quittiez l’hôtel de don Leyva Maldonado, ils...

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

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