Extrait du journal
PARIS. 23 AOUT Si l’on pouvait jamais être tenté de mettre en doute l'avantage de la netteté et de la décision en matière de gouvernement, on n’aurait, pour changer d’avis, cu’à se rappeler ce qui vie t de se passer, il y a quatre ou cinq jours, à la chambre des députés. Lorsque la loi sur la régence a été présentée, il existait, au sein de la chambre, de certaines combinaisons et de certaines alliances peu sincères, on pouvait le présumer, peu solides, 011 a dû le re connaître, mais qui semblaient fractionner l’assemblée et lui ôter ce caractère d'homogénéité nécessaire à toute bonne administration. La plupart de ces fractions de la chambre, étrangères par lears principes et par leurs espérances, avaient fait toute sorte de pactes pleins de ténèbres, et s’étaient promis de se prêter main-forte, pour satisfaire leurs vanités et leurs ambitions. La loi de régence, conçue dans des principes monarchiques , et devant avoir pour résultat naturel et nécessaire de consolider la dynastie, était une pomme de discorde jetée au milieu des partis parlementaires, et il était bien dillicile qu’elle 11e brisât point leurs alliances factices; car cette loi mettait les doctrines en demeure de se prononcer, et il était impossible que ceux qui rêvent la chute de la dynastie et l’anéantissement de la royauté ne se prononças sent point contre une mesure qui les fortifie l’une et l’autre. Les partis le sentaient si bien, qu’ils ont demandé au ministère des concessions de principes, et qu’ils ont offert de vendre leur vote au prix d’une complaisance qui eût été une trahison. Le ministère est resté ferme ; après avoir présenté une loi conforme aux princi pes de la charte, il s’est nettement refusé à la modifier d’une ma nière fondamentale, et il a dit aux partis qu’il provoquait leur dis cussion, mais qu’il ne mendiait pas leurs suffrages. Cette déclara tion, qui maintenait le projet de loi sur sa base monarchique et dy nastique, et qui forçait le parti à se prononcer nettement, a été la cause première et principale de cet incroyable tohu-bohu et de cet intervertissement de rôles dont nous sommes les témoins à cette heure. Par cela seul qu'il était présenté comme un complément à la charte, les radicaux, qui sont des plagiaires de la révolution, de vaient combattre le projet, car il rompait avec ces doctrines usées et ridicules de la souveraineté du peuple et du pouvoir constituant, qui est le point de départ du radicalisme. Par cela seul qu’il plaçait la régence entre les mains de ces jeu nes et nobles princes, honneur de leur famille et de la France, les légitimistes devaient combattre le projet, car ils repoussent natu rellement tout ce qui consolide la dynastie. Par cela seul qu’il enlevait les régences futures à l'élection, le projet devait être combattu par la gauche, car ses chefs sont de grands enfans qui s’amusent à jouer à la représentation, et qui vi sent incessamment à grossir leur importance, en ôtant à celle de la royauté. Ainsi, la netteté du projet de loi, et la fermeté honorable avec laquelle il a été maintenu par le cabinet, dans son principe monar chique et dynastique, devaient briser toutes ces toiles d’araignées que les ambitieux avaient tissées à l’entour du pouvoir, pour y prendre les portefeuilles. Du moment où le grand jour s’est fait, les intrigues se sont évanouies. Chacun a oublié ses alliances d’am bition, pour revenir à ses principes menacés. Voilà pourquoi M. Tliiers, M. Dufaure cl. M. Passy se sont sé parés de la gauche; voilà pourquoi de celte coalition formée ces jours-ci après tant d’efforts ténébreux et de conciliabules, il 11e res te plus que des gens qui se boudent, qui s’injurient et qui s'alïai-...
À propos
Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.
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