Extrait du journal
Nous demandons ce que c’est que la bonne foi, si l’on en trouve une ombre dans le passage suivant de la Gazette de France : « Si Louis XVIII et Charles X ont été coupables d’avoir cm qu'ils pouvaient désigner et restreindre les électeurs des députés, et créer une petite nation électorale au milieu de la grande nation, le crime des gens de l’ordre do choses actuel est absolument le même, car le chif fre ne fait lien à l’affaire, le crime, en juillet 1830, était de dire qu’il n’y avait "de droits politiques que ceux que le roi donnait, le crime aujour d'hui c'est de dire, comme les trois grande complices du système, qu’il n’y a de droit • que ceux que la chamb-’e donne. « M. do Polignac doit donc être réhabilité, ou MM. Guizot, T hiers et Barrot doivent être flétris. » Quoiqu’il soit véritablement absurde de perdre deux mi nutes à discuter de pareilles choses, discutons-!es. Charles X et M. de Polignac ont été coupables, en se mettant au dessus des lois et en confisquant à leur prolit les droits des citoyens écrits dans la constitution. Ce n’est pas d’avoir voulu diminuer le nombre des électeurs qui a lait leur crime. Dans un pays de discussion comme le nôtre, chacun a le droit de penser comme il l’entend en matière électorale, et l’on peut être un fort honnête homme, tout en croyant que le nombre des électeurs est trop considérable. Mais s’il est légitime d’avoir une opinion sincère, quelle qu’elle soit d’ailleurs, il est criminel de préten dre s’imposer au pays par la force cj au mépris des formes écri tes dans la Charte. Charles X commit donc, en 1830, le crime de Barbés en 1839. Il faut vouloir se moquer des gens avec le plus incroyable aplomb, que de chercher la plus légère assimilation entre ce qui s’est fait depuis quinze ans, et ce que Charles X tenta en 1830. Est-ce que la loi électorale n’a pas été (dite d’une manière constitutionnelle? Est-ce que le roi a eu la folle idée de la fabri quer, tout seul, en compagnie de quelques favoris? Est-ce qu’elle n’a pas été librement votée par la chambre? Est-ce que la presse n’a pas eu la faculté de la discuter? Est-ce que tout le monde n’a pas le droit d’en provoquer la modification ? Est-ce que M. deGenoude a les mains liées derrière le dos, afin qu’il ne puisse pas écrire contre cette loi, ou un masque de fer sur le visage, afin qu’il ne puisse pas parler en faveur de sa panacée universelle? Il faut donc être purement et simplement fou, pour trouver qu’il y a la moindre ressemblance entre la conduite de Char les X en 1830, et celle du gouvernement de juillet depuis quinze ans. Quant à cette idée, qui effarouche si fort la Gazette, à savoir qu’il n’y a de droits que ceux que les chambres donnent, elle est parfaitement vraie et incontestable, ainsi entendue que les droits, dans un pays civilisé, n’existent et n’ont de réalité qu’autant qu’ils sont constatés par le pouvoir ayant mission pour les proclamer. Cela est d’une évidence tellement mathématique, qu’il est puéril de le discuter. Les rêveurs et les utopistes peuvent admettre ce qu’on nomme des droits naturels ; dans les sociétés organisées, il n’y a de droits que ceux que la loi institue. Il est impossible qu’il en soit autrement, sous peine de voir chacun se créer des droits à sa convenance. La question n’est donc pas de savoir par combien...
À propos
Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.
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