Extrait du journal
PARIS, 25 FÉVRIER. C’est à la séance indiquée pour aujourd’hui à la chambre des dé putés (pie devait être lu le rapport sur les fonds secrets. Divers rap ports de pétitions, et deux projets de loi présentés par M. le minis tre des travaux publics ont occupé les premiers moinens de l’as semblée. Nous avons vu avec plaisir le gouvernement demander aux cham bres l’autorisation de prêter deux millions,de francs à la compagnie concessionnaire du chemin de fer de Bordeaux à la Teste. Ce che min, qui est important par lui-même, en ce qu’il féconde des con trées stériles, qui est bien administré, et qui intéresse profondémen t la place de Bordeaux, justifierait de tous points le concours du gouvernement, et nous ne doutons pas que la mesure proposée ne soit agréée par les chambres. Ce n’est pas le prêt d’une somme aussi peu considérable, prêt parfaitement garanti d’ailleurs, qui pourrait être mis en balancé avec l’inconvénient sérieux qu'il y au rait à décourager l’esprit d’association dans les provinces, précisé ment lorsqu’il serait nécessaire, dans l’intérêt de l’Etat, de lui don ner toute la force et tout le développement possibles. La lecture du rapport de la commission des fonds secrets était naturellement l’événement de la séance. Ce document, que nous donnons plus bas, est la sobriété et la netteté même. La Patrie se donne les airs d’en critiquer la rédaction ; inutile de faire observer que les aveugles sont plus compétens en matière de couleurs que ce journal crépusculaire en matière de style et de rudiment. On s’est imaginé, à grand tort, selon nous, que les hommes qui discutent le mieux sont les avocats, et on avait affecté de trouver que les cinq membres conservateurs de la commission feraient une pauvre figure devant M. de Lamartine, M. Ganncron, M. Lacrosse, et surtout devant M. Barrot. L’éloquence foudroyante de ces mes sieurs ne parait pas avoir opéré des prodiges; les conservateurs ont tenu bon, retranchés derrière la vérité et le bon sens, qui sont d’im prenables citadelles; et M. Barrot n’aurait certes pas été capable de rédiger, surtout sans déclamations, le rapport si simple, si précis et si catégorique lu par M. Vigier. Le fait dominant de ce rapport, c’est la franchise avec laquelle la majorité de la commission propose à la chambre de déclarer que le cabinet a sa confiance, et de rejeter toute réduction ayant pour but d’altérer ou de détruire ce témoignage. La Patrie prétend que la majorité de la commission na pas su lui dire à quel titre le cabi net lui avait paru mériter sa confiance ; la Patrie n’a pas d’yeux pour voir ce (jui est clair, car voici le langage de la commission : <( La majorité a pensé que le cabinet avait conservé au dehors une « paix honorable, et secondé le développement de la prospérité pu« hlique par le maintien de l’ordre intérieur. En conséquence, elle <( a repoussé le vote de défiance de la minorité. » Nous convenons que c’est moins long, moins filandreux et moins obscur qu’une harangue de M. Barrot ; l’opposition aurait préféré, sans aucun doute, une rédaction plus pâteuse et plus amphibologi que; mais M. Barrot, qui invente des équivoques quand il n’y en a pas, aura quelque mérite s’il en trouve dans le langage de la com mission, et s’il parvient à dissimuler la confiance pleine et entière qu’il exprime pour la politique du cabinet, en se fondant sur le passe; pour apprécier l’avenir. Vous savez que depuis un temps immémorial, les journaux de l’opposition présentent le cabinet comme mort et enterré. Us ont publié plus de trente listes de ministres nouveaux, et ils donnaient nier les noms des hauts fonctionnaires qui préparaient leur démis sion. A l’heure où nous sommes, l’opposition a l’oreille basse; elle ne parle plus avec assurance de son triomphe ; et c’est tout au plus si elle conçoit l’espoir de n’être point complètement battue. La Pa trie, qui renferme les Fracasse et les Tranchemontagne de la gau...
À propos
Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.
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