Extrait du journal

On voudrait trouver beaucoup de gravité dans l’adresse que le sénat espagnol vient de voter au Régent, et où se trouvent relevées, avec une fierté nationale qui sied toujours bien, les paroles, 1res nobles aussi, prononcées à la tribune de la chambre des députés par M. le ministre des affaires étrangères, pendant la discussion des fonds secrets. Nous ne voyons dans cette adresse rien qui doive ef frayer ; nous n’y voyons même rien qui doive surprendre. M. le ministre des affaires étrangères faisait entendre que , dans le cas, presque impossible à supposer, où la monarchie espagnole serait détruite, où la reine actuelle d’Espagne serait dépossédée de son trône, la France devrait peut-être intervenir, même au prix d’une guerre. Ces paroles étaient essentiellement françaises; car il importe à notre pays de conserver le plus de liens possibles avec l’Espagne, et l’on ne niera pas que la monarchie et la dynastie de Ferdinand VII ne soient au premier rang des liens qui rattachent étroitement les destinées do l’Espagne et l’affection des Espagnols à la destinée de la France et à l’affection des Français. Plus l'Espa gne et la France auront d’élémens communs, plus leur union sera étroite et solide. De son côté, le sénat espagnol a pris en main la dignité de l’EsJiagne, et il a cru devoir protester contre l'idée d’une intervention rançaisc dans les événemens ultérieurs de la Péninsule. Mais com me il n’v a aucune incompatibilité entre les sentimens de M. Guizot et ceux du sénat de Madrid ; comme M. Guizot a parlé du cas où la monarchie espagnole serait détruite et la reine Isabelle détrônée, et qu’assurément le sénat espagnol n’accepte pas cette hypothèse, il s’ensuit qu’il ne saurait exister, à ce sujet, aucune lutte, ni même aucune aigreur entre les deux cabinets. Ils veulent l’un et l’autre le maintien de la monarchie en Espagne et la consolidation du trône d’Isabelle : ils sont donc d’accord au fond ; dans la forme, le cabi net français a naturellement en vue l’intérêt français, et le cabinet espagnol, l’intérêt espagnol....